Réveil

Debout ! Le cré­pus­cule argen­té revenant
Envahit la plage de ténèbres
Et le vais­seau en flammes du levant
Sur la rive ori­en­tale s’arrête.

Debout ! L’ombre voûtée se casse,
Piét­inée sur le sol qu’elle enjambait,
Et la toile de la nuit en lambeaux
Jonche la terre sous le dais du ciel.

Debout, mon gars, debout, il est tard pour dormir :
Ecoute les tam­bours du matin ;
Ecoute l’appel des routes vides :
« Qui veut aller par-delà les collines ? »

Les villes et cam­pagnes y invitent,
Et les caps de briller, les bef­frois d’appeler ;
Jamais un gars chaussé de cuir
Ne vit assez pour en avoir le cœur repu.

Debout, mon gars ; des mus­cles qui se traînent 
Sur leur pail­lasse au soleil s’affaiblissent ;
Matins au lit et som­meil de jour
Ne sont pas pour homme vivant.

L’argile gît mais le sang vagabonde ;
Le souf­fle est un bien que l’on ne peut garder.
Debout, mon gars : à la fin du voyage
Assez de temps auras-tu pour dormir.

Tra­duc­tion par Delia Mor­ris et André Ughetto

 

 

 

Reveille

Wake: the sil­ver dusk returning
Up the beach of dark­ness brims,
And the ship of sun­rise burning ,
Strands upon the east­ern rims.

Wake : the vault­ed shad­ow shatters,
Tram­pled to the floor it spanned,
And the tent of night in tatters
Straws the sky-pavil­ioned land.

Up, lad, up, ’tis late for lying:
Hear the drums of morn­ing play;
Hark, the emp­ty high­ways crying
‘Who’ll beyond the hills away?’•

Towns and coun­tries woo together,
Fore­lands bea­con, bel­fries call;
Nev­er lad that’ trod on leather .
Lived to feast his heart with all.

Up, lad: thews that lie and cumber
Sun­lit pal­lets nev­er thrive;
Morns abed and day­light slumber
Were not meant for man alive.

Clay lies still, but blood­’s a rover;
Breath’s a ware that will not keep.
Up, lad: when the jour­ney’s over
There’ll be time enough to sleep.

Présentation de l’auteur

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