AU JOUR LE JOUR

Par | 23 novembre 2014|Catégories : Blog|

 

Le cerveau !
Pareil au chahut des volières, son affaire­ment par­mi les lubies, les syllogismes.
Il s’embourbe dans le malaise.
Der­rière les bar­reaux de l’in­sol­u­ble agite son cap­tieux atti­rail, échafaude Babel.

 

***

 

Jouant avec les mots,
il fut joué, jou­et de la langue,
vaste océan.

 

***

 

Tu te mets mar­tel en tête, martèles ton cerveau.
Marte­lage des lobes que tu façonnes en tiroirs
à secrets, à voca­bles, à rimes, à raisons,
ou en jeux d’orgues pour jouer les dis­so­nances — et leur résolution.

 

***

 

Or si la fleur fleu­rit parce que tel est son rôle, tu es fleur ;
peu t’im­porte que tu sois mouron, pâquerette ou rose.

 

***

 

Continuels,
l’ap­pel du silence
et la rumeur de l’océan.
 

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Au jour le jour

Par | 17 septembre 2012|Catégories : Blog|

 

A ces arbres fidèles
les saisons impor­tent peu.
Nous les suiv­ons des yeux
dans leur voy­age immobile.

Après quelques années
ils savent bien qu’attendre
n’est que vaine illusion
tan­dis que nous con­tin­uons d’aller
les mains à portée de la nuit,
aveu­gles, irrésolus.
Eux se con­tentent de surprendre
le vent, la pluie, les nuages.

En leur tour­nant le dos
nous descen­dons vers les abimes
dans une marche sans recours.

— : -

On laisse sim­ple­ment la source
oubli­er sa présence
et ses eaux décliner
vers des lieux inconnus.

L’es­tu­aire se trou­ve toujours
bien au-delà des mots :
c’est ce que l’on espère
quand on consent
à s’ac­corder à la foudre,
à ce qui méconnaît
jusqu’à l’éternité.

— : -

 

C’est avec le vent
que tout revient :
des signes gravés
sur une pierre,
des images qui bousculent
un rêve trop fragile
et des paysages
noyés dans la mémoire.

Ce vent venu soudain
auquel nous consentons
pour un voy­age immobile
où tout nous est donné,
trans­par­ent, éphémère,
vis­i­ble comme le temps.

- : -

Il se peut que l’on remonte
vers une autre naissance
dans ces par­ages sans limites
où la cen­dre se sou­vient du feu
et lui redonne vigueur.

Ces endroits préservés
où nul autre que soi n’a accès
et que l’on revoit, de passage,
par­mi les failles du songe,
puisqu’il y a lieu
de miser sur l’impossible,
de fon­dre dans la lumière
l’om­bre qui nous cerne en vain.

- : -

Paysage, qu’importe
celui d’une île ou d’un continent !

Nous en pressen­tons le nom,
nous en con­nais­sons l’étendue,
paysage mais non pays
qui nous arrache à nos racines,
écharde vive plantée
au plus secret du cœur.

Paysage infi­ni
au gré des vents,
nous te saluons
pour tes forêts et tes rivages,
pour tes mornes et tes combes.
Tu entres dans la vie,
tu te défauss­es de la mort.

Paysage sin­guli­er ou pluriel,
nais­sance pre­mière et sans cesse
nous t’in­vi­tons enfin
pour des noces au goût de miel.

- : -

Savane où les secrets sont préservés :
les arbres qu’on dit morts
côtoient la terre et les tempêtes.
La lande renoue avec des âges
enfouis au plus som­bre des mémoires.

Ici, c’est un espace et un temps
qui rougeoient dans l’Histoire
igno­rants de l’avenir mais soucieux
de ramen­er le voyageur
sur des chemins qui n’ont plus cours
et qui pour­tant demeurent
comme une terre à décou­vrir, toujours.

- : -

Qui de l’ar­bre ou de la pierre
empris­onne l’autre ?

Nulle fron­tière entre les deux
mais la lutte ou la connivence,
quel mot s’im­pose ici ?
On com­prend simplement
que le temps est immuable
et que l’ar­bre et la pierre
ignorent ce qui les assemble.

— : -

Le seuil que tu franchis
à quelle terre te donne-t-il accès ?
Peut-être n’est-ce qu’un leurre
ten­du par trop d’imaginaire
ou un pays per­du et enfin reconnu.

Par­mi les arbres et les herbes
existe-t-il un nom
pour désign­er ce qui se dérobe
et dont l’at­tente seule
comble toute impatience ?
 

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