AUX VOISINS (MA CHAIR EST UN DRAPEAU DESCENDU CE MATIN)

 

Le miel fond dans le thé, com­plète­ment, à la dif­férence de moi dans toi
et de toi dans la musique classique,

des appels télé­phoniques tou­jours trop longs, jamais de place lorsque tu as besoin
d’une table, des ascenseurs tou­jours en panne,

des escaliers déroulés à l’infini, comme une con­ver­sa­tion sur la politique,
et juste­ment au moment où quelqu’un fait la remar­que que le total­i­tarisme et la démocratie

ne se dis­tinguent que par leur sys­tème numéral
l’image dis­paraît et tout recom­mence : des voix coulent des murs,

totale­ment incor­porelles, le soir se pose dans les creux des mains, comme un mineur
dans la fos­se, des chaus­sures aban­don­nées devant la porte prouvent,

tout de même, l’existence des vivants. mais que veut dire vivre,
pen­dant que l’hiver arrive en se roulant comme un souf­fle froid sor­tant de ma gorge,

et con­stru­it son nid dans un alpha­bet som­bre ; tous ces gens incon­nus et pressés
avec des noms con­nus, un après-midi coupé en deux, comme la Corée,

un thé où le miel a déjà com­plète­ment fon­du, inséparablement,
cette solu­tion en vis­cose est l’amour ; com­ment arriv­er jusqu’à toi, com­ment te prendre ?

 

traduit du croate par Van­da Mikšić, Bran­ki­ca Radić

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