M’étendre un jour dans un buis­son de murmures,
Nim­ber mon corps d’odeurs amicales
Et me dépli­er lentement
Comme on déplie un oiseau inconscient ;
Me lig­ot­er sans violence
Dans les rets soyeux d’un regard,
M’envelopper dans les langes d’un silence
De muqueuse apaisée,
Me réduire en poudre entre pouce et index
Dans le mou­ve­ment tour­nant d’une caresse
Antédilu­vi­enne rev­enue pour moi du fond des âges ;
Me dépos­er un jour dans un berceau empli
D’une brassée des camélias de mon enfance,
M’engluer dans le sirop du plus beau de mes étés,
Me ramen­er enfin au pays des cerises,
Des gras cochons et du vin chaud,
Pour m’y aban­don­ner tout nu
sous une lune souriante
comme le bébé de personne.
 

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