C’est le matin de print­emps typ­ique – lumière can­dide du soleil
dans l’air lucide, la brise ébou­rif­fant les fleurs –
qui me donne le désir d’écrire une his­toire du temps.
Une élégie en dix vol­umes pour les atmo­sphères du passé,
les enveloppes qui ont cir­culé autour du globe en mouvement.

Elle s’ouvrira sur un exa­m­en des cirrus
qui défer­lent en ce moment au-dessus de la mai­son vers l’état voisin
et chaque chapitre reculera d’un pas dans le temps
pour illus­tr­er la pluie qui tombait sur les champs de bataille
et les vents qui assis­taient aux décap­i­ta­tions et  aux couronnements.

On exam­in­era  les rafales de neige du Lon­dres victorien
ain­si que les coups de vent soule­vant les capes de la Renaissance.
On expli­quera les tor­nades du Moyen-âge
et les longues journées  cou­vertes de l’Age des Ténèbres.
Une sec­tion portera sur les nuits glaciales de l’Antiquité
et sur la chaleur  miroi­tant  dans les déserts de la Bible.

L’étude sera van­tée comme ambitieuse et définitive
car elle cou­vri­ra jusqu’au cli­mat d’avant le Déluge
quand des avers­es arro­saient l’Eden et elle conclura
par les mys­tères du  cli­mat avant l’histoire
quand des nuages inaperçus déri­vaient au-dessus d’un monde impeuplé,
quand nulle  âme allongée dans une prairie de la terre  ne con­tem­plait là-haut
le pas­sage d’énormes vis­ages et de formes animales,
son blou­son tassé comme un oreiller, un livre ouvert sur la poitrine.

 

tra­duc­tion Mar­i­lyne Bertoncini
 

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