UN. où je.

 

tourne à terre c’est passion
  troussée chi­enne dans la
où ? raide des magiques
lan­gages tourne à terre les chaînes

c’est pas­sion désor­mais de qui
ces bruits ? de
sans orig­ine c’est obscur en tout
bris à terre le monde
gémit qui perd sa rature vivante

savez-le savez-le savez
les for­mules de gloire et
sor­cières du je souri­cières de
lui savez-le magi­ci­ennes mot à mot
se dit sab­bat et raid
de feux

opposés l’un
sex­tu­ple en bouche
et tulipes rossées par pas et
atter­rantes musiques
de confort

l’un
cochon vir­ginal son
élas­tique tambourin
pour une veil­lée la dernière

l’un pri­a­pe dansant et tant
qu’à kab­bale le dieu s’a­vance masqué
de signes aggrave la Danse
dif­fi­cile et mortelle o.
l’ac­couche­ment d’être à
soi-même ce masque insigne

l’un golem
libère ville peu­ple d’anéantir
ville peu­ple sur soi
instru­ment du lan­gage confiant
dévasté dans ses cordes et
enne­mi du bègue de celui
dont les mains trem­blent au moment 
de dire et inscrire les
Noms

l’un
jardin con­san­guin mais quel ?
au creux con­san­guin des mains noué
mais quel ? déser­tion dans l’i­nouï désert
des oreilles coupées

opposés l’un les
suivants

c’est pas­sion désor­mais de vous
des clous des clous pour join­dre la terre
aux lèvres de qui ? c’est passion
d’être inexact
en vous

*

toute créance ils à regret
ancrent au regard les simulations
de joie toute créance d’heureux
présages et d’heureuses processions
c’est passé

mais quels éloges pour l’effacé
qui resplen­dit à terre tourné ? et
quelles amoureuses façons de sa face
pour qu’ils chantent au tard la douceur
de sa course sans soleil ?

et s’e­scri­ment au corps défendu
l’en­fan­té des gra­vats de la stèle simple
et nue et car­di­nale toute
au crime de sa grav­i­ta­tion Qui
pour déchiffr­er l’en­fan­te­ment des ombres
aux rideaux funéraires sur lui ?

Joie ni peine ne font une voix
échouée s’acharne plutôt
celle même qui
amarre ses miasmes au concert
des natures bouffonnes

*

orfèvre con­so­nant je
n’est joie quand il juste joué
in-forme les lapi­des d’
ajours orients

ain­si l’in­sulte résolue
des seulement
deux images qu’il
trace de lui
et réside

se fait l’hom­mage écarté
entre les seule­ment deux faces
du dieu qu’il reconnut

*

en nuits les trans­ac­tions à l’air
libre s’en nuit-ils les marchands
nou­veaux de rides inter­dites et
d’éventails ?

par rites faux ils
la grange brûlante sous les pluies
de dos con­jurent nomades et mourant
là les colonnes de fumée
tours futures aux bûch­ers des mains
liées la main ouvrant au passage
inar­tic­ulé de Luna

éven­tée la cabane sans toit
la cabane sans murs mais
le voile la
tou­jours enveloppe et le secret
de sa trans­ac­tion et elle cette
musique de la pluie sur les feux engrangée

*

mémoire 
mémoire et c’est la mer
qui a chu
dans Icare
témoin

*

o. la joie trouver
soi-même barbare
à sa langue trouver
le mot-delete et ne plus lire
soi dans le son rendu
des mots

*

né bog­dan kikena
et bap­tisé en l’accouplement
du fleuve Dniepr et de la Sainte coupole
Sophie / ruse flu­viale d’avoir
sur­pris la forme des eaux souterraines
désaltérant les saints des Lau­res et remonté
jusqu’au mamel­on d’or du bulbe suprême
de la ville aux mille bulbes (la tuberculeuse)

*

c’est éven­tail en bouche qu’elle
nuita­m­ment d’un autre nom
que Luna mais encore
nom d’elle chem­ine-nuit en chemins
dessous d’elle cachés vrai-
ment à la prononciation

là tout est sim­ple l’oeil
du temps fixe et crève
en bégayant et
mal éteint et
sem­ble un sourcil
frois­sé Que son vis­age architecte
au cabanon délavé d’amours
lève les vents qu’elle-même
sans s’annoncer
aux langues qui font une main
un pied une épaule lavés
annonce Ma
salive est assez pour un sein
mais pour deux ?

jouons-nous à la toupie c’est jouer
près du feu tout près
de la cime et aussi
tout bas presque
en chu­chotant L’éventail

et la toupie de bois au danger
de la flamme tournoyer

*

par le prodi­ge ou par le simulacre
Être c’est être perçu Esse
per­cipi
dis­ent les morts

*

l’aplat d’elle la slave qui
con­jugue à l’in­som­nie délivrée
le poids raide d’elle 
sur un cil

et un out­rage est
le regard et déchire le voile la
au vis­age dessous et
réponds-tu douce­ment Dieu

donne et dieu
reprend seul

l’esclave dansant à l’étal
de ses chaînes et du sang
sur ses chaînes les bouts
de rythmes Cling cling cling
cling cling  lui réponds-tu ?

La céc­ité fos­sile obtuse
et absolue
tu réponds Le noir
qui soulages à grands traits
à grandes ratures

*

désœu­vr­er toujours
désœuvrer

*

     DEUX. guerre servile.

le fil cousu re-
cousu en fig­ure fit
d’un tapis les fig­ures sur lui
for­mules illis­i­bles d’une vanité
grotesque nous
nature morte et pourtant
la plus célébrée

en ce V magistral
et in(con)solant que tous
aiment dans le secret
du motif

la guerre au dessin vivant
de la trace avinée nous lançons
le défi de parole
ici même et
partout

*

les champs brû­lent sous l’oeil du maître
les mouch­es pil­lent l’oeil
unique des esclaves
et nous dansons
torch­es vives aux vignes tordues

hommes sans vin
hommes au cri gorgé de la guerre
à venir

qui va
la volte faire
aux faces de grand’peur et
grand’misère punir l’aboiement
long des viols 
?

*

à quoi bon
quand tous par­lent également

*

Je serai la bar­que au passage
mul­ti­ple et l’esquive vivante
l’ar­bre invis­i­ble mât
de silence image de qui
s’en­gloutit dans la nuit
introuvable

dit le déchaîné à la veille du monde
qu’il enchante

et vrai­ment celui
ayant recon­nu comme inverse l’
interdiction
peut des femmes aux dents teintes aux
bouch­es pleines de dents jouir
et tuer le temps
sur sa roue
être de son cirque l’accord
roturier

*

les can­ni­bales chantent à corps
per­du à cœur ouvert
ricanant les moelles rictus
des cous tor­dus affligés
dans la chair

vie et mort du sang le feu
tachant les blés dont sortiront
les couronnes tachées
pleines des plaies d’un christ
invisible

qui chantent la vio­lence de chanter
? vie et mort de feu
la viande qui chante et
tré­mousse ses abats en club

a. mourir sur un beat
tech­no mais vite
vite

se manger le visage
comme on mangerait un
miroir

*

et du flanc de nos nuits sentir
le pus s’é­pan­dre à quel prix

cette passion
que quelqu’un paye
pour nous 
voulons

qu’on me dicte les pages de ta passion

*

c’est révolu
même l’ennui
ne dure plus
qu’un temps

*

c’est révolu
et si même la musique men­tait
ce serait terrible
ter­ri­ble­ment amusant

et la voix ne serait
qu’un sarcasme

le rap­pel usé
des millénaires
où l’or­eille tendait
dans la nuit honorée
pour ce qu’elle
cache

pour nous les oreilles-coupées
les yeux-trop-plein-de-lumière
mas­sacr­er la clarté
ren­dra la dernière vraie
note

*

sauf au danger
de la détresse détressée
à grands plis
se per­dre aux cartes mal
tracées c’est un destin
malade qui le veut
et auquel per­son­ne ne croit
 
étant debout dé-
bous­solé par­mi tant de cadavres
mani­ant la boue et sa guerre
comme si

*

c’est ça le courage
de chanter quand la musique
a fini

qui pour aimer l’équa­tion de ce monde-ci
ou se répan­dre au som­met de lui
(le plus grand som­met à son cul)
reniera sa part ?

la part : nuit ne pas
mourir chanter en
mourant
fausse­ment mais chanter

*

et la lumière encore est
la néga­tion de l’obscurité
moi ma langue est déchirée
et lèche le corps de tous
avec amour et
fracas

*

je retourn­erai comme un soc
les tra­chées des menteurs des faux témoins
ceux qui dis­ent m’avoir vu
cracher au sol sec
et faire naître des forêts
qu’ils abattent

ceux qui dis­ent les sourds
enten­dre le hasard de mes lèvres
sor­ti faire naître des forêts
de mes lèvres et qu’ils
ne peu­vent abat­tre ces forêts-là

jaloux et
c’est pour ça qu’ils mentent
et c’est pour ça que je leur couperai
le cou
et que je remplacerai
mon sperme par leur sang

alors ce sera la dernière
fraternité

*

I‑mage le mac à la pute
abolie sa seule étoile est morte et
il n’a plus de feu (ses clopes sont
mélan­col­iques des clo­ques qui tapis­sent le vagin
putassier du monde réglé donc
san­guinolant son pouème)
Ouvre-lui ta porte pour l’amour de ceux
qui achè­tent leur langue
au marché noir (mais ici sans magie
fumeuse)

dealeur faut dealer
l’am­poule a grillé
et je sol­de l’heure du viol
des bouches
avenirs sang pour sang

le nôtre vaut plus
que son image aux joues
des gens qui tra­cent tout droit
sans jamais tomber

sur notre marché
qui est aus­si le dernier
théâtre

*
 

 

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