Laper le blanc chaud des nuits
quand j’ai froid dedans.
Une force à trou­ver pour marcher jusqu’au désir,
jusqu’au tout fort désir.
Le  corps au milieu de sa racine tordue.
Ton som­meil  allumé/éteint, res­pi­ra­tion en
panne et gémisse­ments inquiétés
de je ne sais pas.
Je m’ac­croupis me rata­tine, lovée là.
Pèse un nuage et penche.

Coudre le ciel, c’est tou­jours pareil !
Tou­jours un ciel qui manque avant la chute.
Le  ver­tige dans la cage des côtes, 
voir la mer entre les cils encore
et quelques herbes hautes.
Tu  caress­es l’anse de la tasse à lait,
la peur du froid et du vide.
Une crevasse au fond de moi, ta plume
gerçure d’oiseau.

 

Les yeux lourds de ma vie en éclats de givre 
et de verre.
Debout, on veille aux bris, aux larmes dans nos coins, 
aux fris­sons de la terre, aux orages,
aux enfants morts partout, pourquoi ?
Y’a pas à dire moins.

Je fris­sonne d’un rien et tout me réprimande.
Me bats la chamade du cœur, coups de tip ! et de tap !
une pul­sa­tion du sang
des coupes pleines,   je ne défriche  pas,
trop pleines, je ne trie pas le sable.
Percher ailleurs, sur l’aorte des branches.
Ton corps bien fait pour moi ! 
Notre langue d’oiseau sous la maille des vagues.
Pas noyée,
pas noyée.
Jusqu’alors.
Pas morte.
Il neige main­tenant sur mes pieds nus
à marcher dans le lait refroidi.

Dans un réduit sous terre  là-bas, l’o­tage meurt
c’est loin là-bas,
on ne se rend pas compte.

Des envols en réduc­tion, à cause de la neige,
de la mort de l’otage,
Une colère de mémoire bleuit les jambes,
une bougie grésille la paix du cœur
et s’éteint.

J’en­tends ton souffle,
on dirait un ruis­selle­ment sur du gravier
quelqu’un qui marche en toi.
Le planch­er craque dans tes nerfs.
Petite bête aux abois que je ne quitte
pas d’un pouce.

Par toutes les commissures
et infiniment,
tu me pâlis.
Un trait dans la nuit
jusqu’à ce chemin d’en­cre jeté
dans les yeux
plus loin que la parole.

L’écran tra­verse ton visage.
Et nos yeux auront mal
et aus­si toute la figure.
La nuit calée sur les épaules 
dévorante
en attente d’un geste,
une nacre pure au bord,
et fauve.
Un phare au milieu de nulle part.
Les yeux brûlent
et plus bas, au ventre.

Les murs de la cham­bre en retard du monde
silen­cieux mouvements
à vitesse basse
une lune passée
on lâche la peur
de tomber.

L’odeur qui reste. Un calme.
Une lais­sée derrière,
une force-barrière
qui cloue
la bouche.

La trouée du ciel tou­jours la dernière
à paraître.
Présente et.
Présente mais.
Clouée.
On sait ce qui est inscrit
dans ce qui vient.
 

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