Dehors, le brouil­lard humide,
le bouil­lon infuse la cas­son­ade de feuilles mortes.
Dedans la lampe, son pied de bronze en clé de sol
son verre dépoli absorbe la lumière
se penche vers la feuille comme une corolle de rose de Noël
et les graines éparpil­lées sont les let­tres tracées de quelques poèmes d’amour.
Ishtar est seule dans le temple,
elle a choisi sa robe, point de dami­er convient,
manch­es longues qui cou­vrent à demi ses mains
jupe qui traîne jusqu’à terre
les mains la relèvent sur les côtés,
laine douce plein les mains,
godets sou­ples et sin­ueux le long du corps
droite elle tient la dragée haute à la solitude
qui nar­gue son attache­ment volontaire
au livre du sacré.
La tour est à étages.
Au-delà des 10 000 cornes
des dix mille oreilles, dix mille queues
et attrib­uts de la puis­sance totale
de l’an­i­mal mus­clé atten­du dans l’arène,
au-delà du cail­lou-cail­lot rouge
lave et braise du vol­can primordial
Ayers Rock des céré­monies secrètes,
au-delà de l’ange déplumé qui tient le monde à bout de bras
le plateau des ciselures tremble
et verse des fontaines de larmes et de perles
des pluies de pétales et d’épines
une avalanche de graines gaspillées
le ciel inonde de moissons per­dues et d’é­toiles mortes,
les petits cochons, les chevaux d’orgueil,
les chats pelés, les souris grises,
les pois­sons crevés.
Au cen­tre de la soupe universelle
Ishtar se penche
lâche l’ourlet
pour tourn­er la clé d’or
en l’ab­sence de ses enfants de coeur
la clo­chette ne tinte pas.

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