Planter dans la friche de l’in­quié­tude obscure
quelques poteaux rimés
comme pour soutenir les filets pal­pi­tants du souvenir
lâch­er les volatiles effarouchés
aux ruti­lantes aigrettes empanachées
ivres et trébuchants, éméchés.
Il arrive que la troupe torrentielle
se pré­cip­ite, se bousculant
gon­fle les nasses.
Le plus souvent,
des mâles en rut et dévoués errent
creu­sant, ergotant à la pêche du ver
tan­dis que, sen­si­tives, coif­fées comme des presles
les femelles, se con­tentent de dodeliner.
C’est la quête sex­uelle des mots sur le papier.
Le bal au poulailler.
Entre terre et ciel, les filets retiennent,
avec les feuilles mortes,
les coquilles broyées,
papyrus et bam­bous lacérés,
les écorces de mûri­ers, bouil­lie de pré­cieux détritus,
pour les semis des signes à l’é­ta­lage des tamis
entre ce qui s’agite à dire
et ce qui chercher son envol à lire.
Après avoir fouil­lé l’humus
dérangé les croûtes d’habitude
le con­fort posthume des ter­rains vagues, piét­inés, des amours,
les craque­lures dans les plâ­tras de matière compactée,
enfin, lente­ment se pava­nent quelques créatures
com­plices du rythme lent de renaissance
baroque pavane des sabots, des ergots,
et gail­larde endiablée
suiv­ie  du bran­le organisé.
Une à une les rouelles, les toupies du désir,
divine horlogerie,
se met­tent à tourn­er entre les plis des corolles en plumes
écar­quil­lées à l’ap­proche des oursins lumineux de la nuit.

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