Au jardin d’agrément encagé parmi nos immeubles
le vent léger marsouine entre un mur bas et des buissons.
Son souffle suffit à leur soutirer de longues plaintes,
et à coiffer leurs cimes d’un semblant de frisotis ;
ils seront tout l’hiver livrés à eux-mêmes, sans taille,
attendant qu’au printemps leur soit refaite une beauté.
Sur les bancs dès que le froid est de retour, plus personne
pour tiédir un peu la pierre ou le métal ajouré
en étirant une conversation où pêle-mêle
se succèdent rires, récits, regrets en litanie.
Au ciel les vols d’oiseaux sédentaires se sont faits rares.
Quant aux hommes, au terme d’une courte migration,
à table près d’un foyer de chaleur non naturelle
ils attendent, en arrêt, quelque signe de beau temps.
Plus secrètement certes mais comme nous vulnérable
à l’absence de sève dans les rayons du soleil,
l’ami quadrupède du foyer, prince du silence
qui se contente de ce qu’on est prêt à lui donner.