A Nel­son Mandela

 

 

A chaque pas tu pro­jettes du sable
Sur les traces de celui qui te précède
Comme celui qui te suit en pro­jette sur les tiennes

Les cigognes se rassem­blent pour partir

Sur ordre tu ne regardes pas l’horizon
Mais tu le vois quand même dans le dos de celui qui marche devant
Et celui qui te suc­cède le voit quand même dans le tien

Elles se ser­vent des courants ascendants

Ta salive tombe sur le sol
Près de la sueur du puni d’hier
Pleine des pleurs du puni de demain

Elles recon­nais­sent tou­jours les ter­res survolées

Sous l’hu­mil­i­a­tion nour­rir le silence
De la libéra­tion d’un ami de la mort d’un frère
Cautéris­er ses plaies avec le feu de la nuit

Tous les ans les cigognes con­soli­dent leur nid

Entre l’abîme du quar­ante-six mille six cent soixante-trois
Et le garde-fou du quar­ante-six mille six cent soixante-cinq
Tu sub­limes l’a­ban­don à la lumière d’une fissure

Ubun­tu je suis parce que nous sommes

 

 

 

Paru dans l’an­tholo­gie Mon­sieur Man­dela, édi­tions Panafrika/Silex/Nouvelles du Sud

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