CONNAISSANCE DU MATIN

Par | 29 novembre 2015|Catégories : Blog|

 

1
                       
Dans une débauche de silence
tes ten­tures clouées sur la muraille
défi­aient les astres
et la chair tatouée des cavernes
Le gîte d’un éper­vi­er palpitait
autant que l’âme étreignant le ciel
Pour toi cette abeille de lumière
tracée avec un pinceau de mots

La résine offerte aux dieux
brûlait encore dans les galets de rivière
comme le vif azur
dans les tisons éteints de la nuit
Grotte d’éveil
Sur la voie du spontané
tant d’armes de lumière

 

 

                   2

Homme qui avançait
à décou­vert au bord du vide
tu épou­sais l’esprit de la roche calcaire
La céré­monie des éclairs
bri­sait les ombres dures des falaises
Des aman­des pleuvaient
dans le grand lit du vent
Un chat sans mai­son marchait
sur le sen­tier indifférent
au grand soleil des morts

Fam­i­li­er des portes closes
et des célestes bas-fonds
je t’aurais suivi très loin
dans le temps immense
    
Au dernier degré de l’égarement
le dés­espoir devient nectar
pour les guêpes qui te butineront

L’éveil sur­git parfois
au-delà de la forme

 

 

                       3

Aube
Orange en feu sur les crêtes
Pétales de fruitiers
dans la brise  à l’assaut
des vagues de collines
En dis­parais­sant la lune
oubli­ait le ciel criblé de galaxies
dans le cal­ice du thé

Tu mar­chais comme le Verbe
sur les eaux du torrent
Harpe vivante tu enseignais
l’inaltérable paix des humbles

Tou­jours ciseler
les enlu­min­ures de la vie ordinaire 

 

     
                                 
                                4

Dès le point du jour
l’air son­nait tel un cristal
Basse con­tin­ue de l’oraison
dans mille poudroiements de possibles

Ruis­selle­ments de sueurs mythiques
Invis­i­ble la déesse des moissons
s’envolait dans des tour­bil­lons de plaisir

Erup­tion géante des formes
Le soir
bruit blanc de leur écriture
qui se rompt tel un arc
Les con­stel­la­tions en feu festoyaient

Icône de silence
pro­tège notre clarté

 

                                        
                5

Il se tait hébété
devant la splen­deur ter­ri­ble du monde 
sous le regard acéré des constellations 
Pour con­jur­er le mau­vais sort
les bour­geons du jas­min foisonnent
En transe Osiris se met à danser
Ce jour sécrète
une man­dor­le autour de lui

La trille d’une alouette
vaut toutes les douleurs du partir

Entre sor­dide et sublime
le brouil­lard de notre ici-bas
se fond dans la radi­ance originelle

 

                         

                                   6

Jardins du vide gorgés d’astres
Hameaux repliés sur leurs blessures

Après la tra­ver­sée du désert
voici l’eau lustrale
et le riz d’Orient langoureux
Le pacte de silence avec soi-même
engen­dre les fruits de solitude
d’une splen­deur exacerbée
par l’appel lancinant
des oiseaux de proie

L’essence de la nature se révèle
Par­fois un riche sérail de mots l’entoure
Qu’elle ne soit jamais fontaine tarie
près d’une margelle brisée

 

 

                          7 

Quel est le nom de ce pays
où les phénomènes sont des graminées
qui folâtrent sur les murs ?
Tou­jours vierge est le matin
Philosophe du feu des cimes
je t’écoute ou te cueille à fleur de page
Tu as établi ton royaume
au cen­tre exact de ta soli­tude circulaire
foi­son­nant de présences
Tu te nourris
des épis glanés dans les entrailles des mythes
Sur la colline transfigurée
fou rire de tes amis les feux follets
sig­naux des esprits sylvestres
Hum­ble servi­teur de l’unité magique
tu as fait de moi une femme millénaire
Une invis­i­ble colonne de verre irradiant

 

 

                       
                         8
                   
L’inattendu a soudain
le vis­age d’un dieu ivre
Reflets orphiques
sur le petit lac de montagne
Les plantes sont des torch­es qui brûlent
Alors la stupeur
envahit l’espace pétrifié
Dans l’air très pur
formes et couleurs explosent de joie
En amour avec lui-même
le dieu ne peut nous discerner
— pous­sières de dia­mant noir
dans un rai de lumière

Nous sommes la voûte céleste
et le ciel est sur la terre

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CONNAISSANCE DU MATIN

Par | 6 octobre 2013|Catégories : Blog|

 

1
                       
Dans une débauche de silence
tes ten­tures clouées sur la muraille
défi­aient les astres
et la chair tatouée des cavernes
Le gîte d’un éper­vi­er palpitait
autant que l’âme étreignant le ciel
Pour toi cette abeille de lumière
tracée avec un pinceau de mots

La résine offerte aux dieux
brûlait encore dans les galets de rivière
comme le vif azur
dans les tisons éteints de la nuit
Grotte d’éveil
Sur la voie du spontané
tant d’armes de lumière

 

 

2

Homme qui avançait
à décou­vert au bord du vide
tu épou­sais l’esprit de la roche calcaire
La céré­monie des éclairs
bri­sait les ombres dures des falaises
Des aman­des pleuvaient
dans le grand lit du vent
Un chat sans mai­son marchait
sur le sen­tier indifférent
au grand soleil des morts

Fam­i­li­er des portes closes
et des célestes bas-fonds
je t’aurais suivi très loin
dans le temps immense
    
Au dernier degré de l’égarement
le dés­espoir devient nectar
pour les guêpes qui te butineront

L’éveil sur­git parfois
au-delà de la forme

 

 

3

Aube
Orange en feu sur les crêtes
Pétales de fruitiers
dans la brise  à l’assaut
des vagues de collines
En dis­parais­sant la lune
oubli­ait le ciel criblé de galaxies
dans le cal­ice du thé

Tu mar­chais comme le Verbe
sur les eaux du torrent
Harpe vivante tu enseignais
l’inaltérable paix des humbles

Tou­jours ciseler
les enlu­min­ures de la vie ordinaire

 

           
                                 
4

Dès le point du jour
l’air son­nait tel un cristal
Basse con­tin­ue de l’oraison
dans mille poudroiements de possibles

Ruis­selle­ments de sueurs mythiques
Invis­i­ble la déesse des moissons
s’envolait dans des tour­bil­lons de plaisir

Erup­tion géante des formes
Le soir
bruit blanc de leur écriture
qui se rompt tel un arc
Les con­stel­la­tions en feu festoyaient

Icône de silence
pro­tège notre clarté

 

                                        
5

Il se tait hébété
devant la splen­deur ter­ri­ble du monde 
sous le regard acéré des constellations 
Pour con­jur­er le mau­vais sort
le bour­geons du jas­min foisonnent
En transe Osiris se met à danser
Ce jour secrète
une man­dor­le autour de lui

La trille d’une alouette
vaut toutes les douleurs du partir

Entre sor­dide et sublime
le brouil­lard de notre ici-bas
se fond dans la radi­ance originelle

 

                         

6

Jardins du vide gorgés d’astres
Hameaux repliés sur leurs blessures

Après la tra­ver­sée du désert
voici l’eau lustrale
et le riz d’Orient langoureux
Le pacte de silence avec soi-même
engen­dre les fruits de solitude
d’une splen­deur exacerbée
par l’appel lancinant
des oiseaux de proie

L’essence de la nature se révèle
Par­fois un riche sérail de mots l’entoure
Qu’elle ne soit jamais fontaine tarie
près d’une margelle brisée

 

 

7  

Quel est le nom de ce pays
où les phénomènes sont des graminées
qui folâtrent sur les murs ?
Tou­jours vierge est le matin
Philosophe du feu des cimes
je t’écoute ou te cueille à fleur de page
Tu as établi ton royaume
au cen­tre exact de ta soli­tude circulaire
foi­son­nant de présences
Tu te nourris
des épis glanés dans les entrailles des mythes
Sur la colline transfigurée
fou rire de tes amis les feux follets
sig­naux des esprits sylvestres
Hum­ble servi­teur de l’unité magique
tu as fait de moi une femme millénaire
Une invis­i­ble colonne de verre irradiant

 

                       
8
                   
L’inattendu a soudain
le vis­age d’un dieu ivre
Reflets orphiques
sur le petit lac de montagne
Les plantes sont des torch­es qui brûlent
Alors la stupeur
envahit l’espace pétrifié
Dans l’air très pur
formes et couleurs explosent de joie
En amour avec lui-même
le dieu ne peut nous discerner
— pous­sières de dia­mant noir
dans un rai de lumière

Nous sommes la voûte céleste
et le ciel est sur la terre

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