Elie-Charles Fla­mand ! Voici un nom qui n’aurait pas dû pass­er inaperçu, d’autant plus que Charles Fla­mand (né le 25 décem­bre 1928) deve­nait frère en écri­t­ure d’un prophète sen­si­ble, à qui Dieu en per­son­ne sut man­i­fester sa présence par le mur­mure du vent. Comme il le rap­pelle lui-même, le nom d’Elie «exprime le feu divin et l’illumination qu’il con­fère »[1]. Son nom d’écrivain inclut le feu secret. qui sur­git en flammes vis­i­bles. Son signe astral le prédis­pose, en bon natif du Capri­corne, à de secrètes et pro­fondes études, creu­sant seul l’intérieur du min­erai. Le jour même de sa nais­sance, la célébra­tion de l’enfant divin, sauveur de l’humanité, ne laisse pas d’être trou­blante non plus, pour un être soucieux de ne jamais abdi­quer devant l’innommable, habité par une cer­taine inno­cence qui le rendait, de son pro­pre aveu, rétif à une prédilec­tion pour le noir et pour le « mal » qui trou­vait place dans le groupe sur­réal­iste. Tout au con­traire, il sem­ble être resté sen­si­ble au sym­bol­isme de l’Etoile qui guide les Rois ter­restres, et comme nim­bé dans la lumière d’une mirac­uleuse naissance. 

Ce que nous savons d’un tel être d’exception est peu de choses au regard de l’oeuvre poé­tique, et c’est bien celle-là que nous avons ren­con­trée en sa per­son­ne, quinze ans plus tôt, par le hasard élec­tif d’une fontaine ensoleil­lée au mois de juin 1990, Place Saint-Sulpice. Entre les baraques peintes en vert et investies par les édi­teurs de poésie, non loin du Soleil des Loups de Jean Chatard et des Edi­tions du Soleil Natal, se trou­vait Elie-Charles Fla­mand, qui me fut présen­té par Jacques Simonomis. Je ne voudrais pas alarmer sa mod­estie native, ni extrapol­er la réal­ité du sou­venir, mais voici l’un des rares endroits où il m’a été don­né de ren­con­tr­er le poète à l’air libre. En dehors d’une fugi­tive appari­tion dans quelque galerie du VIème arrondisse­ment, en com­pag­nie d’Obéline, qui l’accompagne si bien de ses volutes géométriques, et qui pra­tique la pein­ture et le dessin comme un art du per­fec­tion­nement intérieur, exacte­ment comme Elie-Charles pra­tique la poésie, cet endroit mer­veilleux est bien à l’origine de nos rencontres.

Sa présence là avait pour moi quelque chose de mirac­uleux qui tenait à la manière digne dont il se tenait dans le flot d’une agi­ta­tion vul­gaire, bloc erra­tique, mono­lithe chu comme d’une autre planète et d’un autre temps. Cette impres­sion tenait sans doute à une politesse cour­toise qui abolis­sait les épo­ques, tenait la main à Gérard de Ner­val et à Vil­liers de l’Isle-Adam, et rame­nait plus près de nous aux années où André Bre­ton arpen­tait avec ses fidèles un Paris qui sem­blait être devenu la chas­se gardée de leurs évo­lu­tions rêveuses.

Encore récem­ment, je le ren­con­trais devant les Edi­tions du Nou­v­el Athanor  de Jean-Luc Max­ence, porté par le flot puis­sant des badauds, non sans quelque pince­ment de coeur devant sa sil­hou­ette recon­naiss­able entre toutes. Sa voix douce dis­ait la gen­til­lesse d’un accueil qui ne s’est jamais démen­ti, et j’admirais le naturel avec lequel il savait porter les pier­res, non pour le plaisir d’un vain orne­ment, mais pour la con­nais­sance qu’il avait de leurs pro­priétés cura­tives et tal­is­man­iques, et aus­si pour le sym­bol­isme de leurs formes posées à plat en pen­den­tif autour de son cou, ou mon­tées en broche, bril­lant aus­si d’un feu secret sur ses doigts. Sa pâleur aus­si me dis­ait com­bi­en cet être était frag­ile, et sa vie m’est dev­enue insen­si­ble­ment pré­cieuse, au fil des ren­con­tres qui eurent pour cadre ses domi­ciles suc­ces­sifs de la rue de Châtil­lon, puis de la rue des Annelets. Son pre­mier loge­ment était situé non loin de celui de Pierre-Jean Jou­ve, sans pour autant ren­dre les con­tacts plus aisés. La rue était, en retrait de grands axes routiers, comme un mir­a­cle de silence. Le sec­ond le place d’emblée dans un cadre de recueille­ment spir­ituel, en sur­plomb de la ville, puisque la rue de Pales­tine se jette dans la rue des Soli­taires, laque­lle donne enfin accès aux Annelets :

Nous ne forg­erons plus que de flu­ides anneaux de joie [2]

                                                                       (Sur une stat­ue oscil­lante de Takis)

La géo­gra­phie du Paris des sur­réal­istes, si essen­tielle pour com­pren­dre l’oeuvre du pre­mier Aragon, celle de Robert Desnos, ou celle d’André Bre­ton, importe moins ici que sa coïn­ci­dence avec des strates plus anci­ennes, par­fois éven­trées, comme la bou­tique de Nico­las Flamel, mais par­fois encore presque intactes, comme la Tour Saint Jacques, qui dresse encore sa masse d’évidence alchim­ique au-dessus de ter­ri­toires urbains trép­i­dants où se négo­cie la chair, la cul­ture mod­erne et les mille et un acces­soires inutiles de la mode[3]. Aux envi­rons de l’Hôtel de Ville,  du quarti­er de l’église Saint-Mer­ri, cer­taine­ment, et encore sur le boule­vard Saint-Michel, avec ses mil­liers de livres ven­dus à l’encan, faute d’être un flâneur accom­pli, il ne m’a pas été don­né de le ren­con­tr­er, sinon sur le mode de la rêver­ie. Avant le change­ment con­sid­érable de la forme d’une ville comme Paris, ce type de ren­con­tre était encore opéra­toire, et presque le seul val­able. C’est ain­si que les Puces de Clig­nan­court pou­vaient réu­nir, dans une com­mune pas­sion pour l’objet sin­guli­er, des esprits sin­guliers comme ceux de Bre­ton, Man­di­ar­gues ou Fla­mand. C’était une manière informelle de pou­voir dis­cuter en mouvement.

L’Immuable et l’Envol [4]s’ouvre en fron­tispice sur la pho­togra­phie de l’un de ces anciens mas­carons du Pont-Neuf scel­lés dans le muret de soutène­ment qui cein­ture le square du Vert Galant. Cette pho­togra­phie de l’auteur curieux du Paris secret donne la clé du titre de ce recueil. C’est un bon exem­ple de l’imprégnation de l’esprit du poète par l’archéologie spir­ituelle de l’ancienne capitale.

Dans le sec­ond numéro de la revue Le Sur­réal­isme, même, c’est du nom de Charles Fla­mand qu’il signe un bref arti­cle sur « l’énigme des plombs de Seine ».

Nous sommes en 1957, et le groupe sur­réal­iste est pleine­ment ouvert à toutes les aven­tures de l’esprit, accueil­lant ici en out­re Jean Markale, et une grande curiosité pour le passé de la civil­i­sa­tion occi­den­tale s’y manifeste.

            Pour autant, Elie-Charles Fla­mand n’était pas un parisien au même titre que ses illus­tres pairs sur­réal­istes. D’origine lyon­naise, il mon­ta à Paris en 1950 non sans quelques allers-retours, et y trans­féra son exis­tence. Il entre alors dans une vie de bohème décrite non sans humour dans son avant-dernier ouvrage, Les Méan­dres du sens[5]. Il a vingt-deux ans, et signe, trois ans plus tard, un ensem­ble de poèmes remar­quables à plusieurs égards, inti­t­ulés « A un oiseau de houille per­ché sur la plus haute branche du feu ». Ces poèmes, au-delà de leur dimen­sion pro­pre­ment spir­ituelle, nous ren­seignent pré­cieuse­ment sur l’état d’esprit d’un jeune poète qui vient de ren­con­tr­er André Bre­ton après avoir con­nu de toutes autres expériences. 

            Par­mi celles-ci, l’étude des minéraux, et d’une manière générale, un grand attrait pour les sci­ences naturelles, vient nour­rir l’émergence d’une préoc­cu­pa­tion autre, pro­pre­ment artis­tique, et poé­tique. L’étude des pier­res et des fos­siles con­duit sans doute à un souci de pré­ci­sion dans l’expression, et le regard posé sur les objets du monde matériel est tout autre que celui de la plu­part des poètes. Pour lui, la poésie ne sera cer­taine­ment pas un diver­tisse­ment, mais bien la con­tin­u­a­tion de ses pre­mières recherch­es sci­en­tifiques par d’autres moyens, dans le souci d’une plus grande con­nais­sance[6]. Ain­si, lorsqu’il évoque le sou­venir d’une vis­ite cap­i­tale effec­tuée au musée de Mont­bri­son, et la col­lec­tion de Jean-Bap­tiste d’Allard, c’est pour con­stater aus­sitôt que cette Wun­derkam­mer, loin d’être un sim­ple musée de sci­ences naturelles, était « un point d’appui per­me­t­tant d’atteindre le sacré épars dans l’univers », et qu’en out­re, cette col­lec­tion lais­sait « une place impor­tante à l’insolite, au mys­tère, à l’exceptionnel, à l’imaginaire »[7]. Accroître l’acuité de sa per­cep­tion de l’univers, tel sem­ble être le voeu sou­vent man­i­festé dans son oeu­vre. Suiv­ant la théorie médié­vale d’une cor­réla­tion entre micro­cosme et macro­cosme, le souci général de percer à jour une par­tie du mys­tère de l’univers rejoint celui d’une meilleure con­nais­sance de soi. Extérieur et intérieur se rejoignent  dans le meilleur des cas, suiv­ant une coïn­ci­dence des opposés. Et le lieu de cette coïn­ci­dence ne pou­vait être que la poésie.

Pour­tant, la vis­ite inau­gu­rale au Château de la Bastie d’Urfé, dont les étapes ryth­ment les pre­mières pages des Méan­dres du sens, indique claire­ment la nature du seuil, qui est alchimique.

 Ces deux ter­mes, poésie et alchimie, ont sou­vent été croisés par les lecteurs d’Elie-Charles Fla­mand. Sans entr­er dans les nuances de cette ques­tion, nous pou­vons retenir l’idée d’une quête com­plé­men­taire, et par­fois sou­vent d’une coïn­ci­dence dans l’esprit, qui est celui de la quête, de l’élevation et de la trans­fo­ma­tion intérieure. Au fond, n’est-ce pas à cette aune que l’auteur mesure ses rela­tions avec le monde ? Les rela­tions entretenues par la poésie et l’alchimie n’ont rien de nor­matif, ou de didac­tique. Her­mès guide vers la poésie her­mé­tique, et la ren­con­tre avec les sur­réal­istes dans les années 50 cor­re­spond à celle de René Alleau, Eugène Canseli­et ou Robert Amadou. Dans les deux cas, le con­stat est le même : seule une infime par­tie du réel est perçue et exprimée par les arts. C’est toute la dis­tance qui sépare la Spagyrie (ou ancêtre de la chimie mod­erne) de l’alchimie, dans les mau­vais con­seils de Maître Anseaulme à Nico­las Flamel[8]. Finale­ment, les sur­réal­istes visaient à élargir la per­cep­tion du réel, par tous les moyens, y com­pris les moyens tra­di­tion­nels. Un socle, une base man­quait à l’appel, et la vie humaine parais­sait sin­gulière­ment appau­vrie dans la pléni­tude de ses voca­tions. Il s’agissait dès lors de sig­naler les fugi­tives résur­gences du vrai. D’où ce moment cap­i­tal du sur­réal­isme, et qui a duré quelques décen­nies tout de même, où une lec­ture ésotérique du monde était à l’honneur. A cet égard, Elie-Charles Fla­mand arrivait à point nom­mé, et dans l’histoire du sur­réal­isme, et dans l’accomplissement de sa pro­pre tra­jec­toire. Le domaine alchim­ique fut pour l’auteur ce qu’il fut au dra­maturge et poète irlandais, W.B. Yeats : un accom­pa­g­ne­ment quo­ti­di­en. Il ne nous appar­tient pas de juger du résul­tat tan­gi­ble d’une quête psy­chique par la voie des mots et des signes. Il ne s’agit pas de com­par­er Elie-Charles Fla­mand et Nico­las Flamel , Obé­line et Per­nelle. Pour­tant, une cer­taine par­en­té existe entre alchimistes et lecteurs de livres alchim­iques. Et d’ailleurs, ne faut-il pas com­pren­dre la trans­mu­ta­tion du plomb en or comme le per­fec­tion­nement des fac­ultés de son esprit et de son âme ? Naturelle­ment, le poète nous indique quelques représen­ta­tions sym­bol­iques de sa quête alchim­ique. Le réel est pro­fondé­ment réélaboré, comme il est aisé de le com­pren­dre lorsque par­fois le référent réel de tel ou tel poème est men­tion­né par une date ou par un lieu. Le sur­réal­isme lui rap­pelle en out­re la grav­ité de l’opération poé­tique, dont il ne faut pas démérit­er par un abus d’ornementation ou de friv­o­lité. Pra­tiquée avec scrupules, la poésie peut devenir au con­traire un moyen de libéra­tion. Plusieurs types de rela­tion entre poésie et alchimie ont pu être réper­toriés[9], mais aucun ne cor­re­spond vrai­ment à la pra­tique per­son­nelle de notre auteur. En aucune manière la poésie ne saurait être la ser­vante de l’alchimie. Plutôt, la poésie procède de la même manière que l’alchimie : elle per­met la trans­for­ma­tion de l’être, suiv­ant une voie soli­taire et hiérophanique.

Percevoir la poésie comme un emporte­ment spir­ituel ne fut sans doute pas une atti­tude com­plète­ment en phase avec les fréquents raidisse­ments du groupe sur­réal­iste sur des posi­tions athées, d’une vio­lence à la mesure du dan­ger crois­sant d’assimilation à divers­es doc­trines religieuses. En dehors de cet écart crois­sant entre l’orthodoxie et la pra­tique indi­vidu­elle, et avec pour envi­ron­nement inspi­rant l’hermétisme alchim­ique, cette poésie pou­vait se déploy­er dans une cer­taine indépen­dance, néces­saire à la beauté authentique :

« …mon très cher ami Elie-Charles Fla­mand dont les évo­lu­tions au large » sont « tou­jours si har­monieuses (que je com­pare à celle du dauphin) »…[10]

Une rup­ture inter­vien­dra par la suite sous forme de let­tre col­lec­tive lui reprochant un goût exces­sif pour l’ésotérisme, mais cette exclu­sion, il la pren­dra avec humour. Elle mar­que une prise de dis­tance, ou un déplace­ment soli­taire vers d’autres buts qui dépassent l’action col­lec­tive. Entre 1952 et 1960, la per­son­nal­ité d’André Bre­ton, et divers­es ami­tiés, dont celle de Toyen, ou d’Edouard Jaguer, entre autres,  auront affer­mi son pro­pre parcours.

            Voici un être qui suit les étapes d’un chemin intérieur et sait les décrire dans une langue qui n’est pas celle d’un suiveur de la poé­tique sur­réal­iste. Il a su rassem­bler les élé­ments autrement épars de son itinéraire men­tal, sans tomber pour autant dans une oeu­vre intel­lec­tu­al­iste. Elie-Charles Fla­mand, ce serait la quête méta­physique dev­enue sen­si­ble par la médi­a­tion du tra­vail poétique.

            Frap­pant à cet égard est le lex­ique employé pour décrire une atti­tude qui serait celle du poète, atti­tude par­ti­c­ulière de celui qui subit une ini­ti­a­tion : c’est un mélange de fer­veur, de recueille­ment et de silence, comme dans l’attente d’un événe­ment majeur. Ain­si, le poète doit oubli­er son pro­pre être, faire le désert en lui, et déchiffr­er le réel qui s’offre à lui. Le déplace­ment, quand bien même il prendrait appui sur des paysages et sur des expéri­ences réelles, reste un déplace­ment intérieur. Ce qui n’exclut pas la présence de nom­breuses descrip­tions forte­ment imagées, d’une géo­gra­phie et d’une météorolo­gie par­ti­c­ulières. Un paysage intérieur existe, et ce dernier appelle une nav­i­ga­tion périlleuse, comme l’orientation d’un être à l’intérieur du labyrinthe. Dans un entre­tien don­né en 1993[11], l’auteur s’est lui-même expliqué sur les lieux intérieurs sol­lic­ités. Il dis­tingue plusieurs niveaux dans la pro­fondeur de la psy­ché : un incon­scient inférieur, prim­i­tif et régres­sif, dit sub­con­cient ; un incon­scient supérieur, ou sur­con­scient, qui abrite les éner­gies spir­ituelles, et la part du divin en l’homme. La voix spir­ituelle devra être cap­tée par le poète. Cette sélec­tion par­mi les voix internes appellera naturelle­ment une fig­u­ra­tion sur le mode de la con­nais­sance par les gouf­fres, suiv­ie par une dif­fi­cile ascen­sion. Et c’est peut-être ce mode opéra­toire dans les pro­fondeurs de l’esprit humain qui est fig­uré en poésie par un déplace­ment sym­bol­ique qui emprunte aus­si à une tra­di­tion descrip­tive venue notam­ment du moyen âge.

Ce déplace­ment ne va pas sans dan­ger, mais il pos­sède aus­si ses para­dox­es, comme celui d’échapper au temps. Le cycle tem­porel de la mort et de la renais­sance, se développe, accom­pa­g­né par une méta­mor­phose de l’être.

            Dans ce mou­ve­ment dynamique, le poète n’est pas seul : le lecteur l’accompagne pas à pas. En effet, celui-ci, sans bien mesur­er la nature de l’opération en jeu, perçoit intu­itive­ment le déroule­ment d’une quête, et y par­ticipe active­ment, par ric­o­chet. La trans­for­ma­tion n’est pas for­cé­ment spec­tac­u­laire. Sim­ple­ment, la per­cep­tion du réel sem­ble devenir plus intense, plus fine aussi.

            Dans la quête de l’unité, la présence de l’unique peut se man­i­fester de manière plus intense, ou bien c’est la récep­tiv­ité qui s’est accrue. Un lecteur fam­i­li­er du modus operan­di alchim­ique pour­ra cer­taine­ment repér­er les allu­sions à une révéla­tion inscrite dans un lan­gage hermétique.

Dif­férentes étapes du Grand Oeu­vre peu­vent trou­ver une cor­re­spon­dance dans les mou­ve­ments du poème. Un cer­tain nom­bre de sym­bol­es alchim­iques appa­rais­sent, notam­ment les qual­ités occultes des pier­res. Mais dans l’ensemble, c’est le tra­vail poé­tique de la matière des mots qui importe plus qu’une révéla­tion cryp­tée. L’oeuvre alchim­ique reste hypothé­tique quand l’oeuvre poé­tique, la fameuse alchimie du verbe, man­i­feste très claire­ment sa présence. A la poésie revien­dra la fonc­tion de trans­met­tre une expéri­ence d’ordre spir­ituel. Et c’est pourquoi l’oeuvre poé­tique épouse la courbe d’une exis­tence adon­née à un tra­vail opiniâtre : com­ment faire coïn­cider la force spir­ituelle des mots et l’intensité d’une expéri­ence intérieure ? Par­mi les mots majestueux, les voca­bles grandios­es que l’auteur con­voque par­fois, il fau­dra veiller à retenir ceux qui pos­sè­dent un autre sens, pré­cisé­ment dans une dimen­sion alchim­ique. Le rythme au pou­voir incan­ta­toire, la recherche de métaphores adéquates, entreront à leur tour dans l’opération poé­tique à laque­lle l’auteur voue la majeure par­tie de sa vie.

Nous voudri­ons à présent par­courir à grandes enjam­bées une par­tie de son oeu­vre, qui est d’ordre poé­tique, afin de mieux percevoir com­ment se développe une sen­si­bil­ité sis­mo­graphique. C’est un par­cours biographique autant que poé­tique que mar­que, comme autant d’étapes, cha­cun des recueils publiés.

            Le pre­mier recueil,  A un Oiseau de houille per­ché sur la plus haute branche du feu, sera pub­lié en 1957, chez Hen­neuse, édi­teur lyon­nais, en grand for­mat de lama bleu, avec en ban­deaux des dessins noirs de Toyen. Ce titre, qui pour­rait pass­er pour sur­réal­iste, ne l’est que par accen­tu­a­tion poé­tique de la chou­ette noire décrite en 1652 dans le Tré­sor du vieil­lard des pyra­mides. L’ermite est « à flanc de souf­france », pris dans une expéri­ence au noir pour accéder à l’or. Ces cinq poèmes bril­lent de tous leurs feux dans une imag­i­na­tion née de l’attention portée à la mer­veille naturelle, comme les inclu­sions rêvées dans l’agate d’un oiseau, ou comme « la riv­ière aux galets d’escarboucle ». Le jeune poète n’hésite pas à sug­gér­er la réu­nion des con­traires et la réso­lu­tion dialec­tique du réel par une série d’images baro­ques qui asso­cient  feu et glace, descente et mon­tée, lumière et ombre, cré­pus­cule et aube. Par­al­lèle­ment, un itinéraire ini­ti­a­tique est décrit dans les ter­mes mer­veilleux du con­te de fées ou du roman de cheva­lerie : passerelle, palais ens­ablé, tour, château en flammes, grotte, jardin secret, cof­fre et clé. Le réel est trans­fig­uré par l’association métaphorique d’éléments comme « bec de flamme », « armure de sel », « l’éblouissante goutte de nuit ». En somme, le jeune poète dédou­ble le réseau d’images baro­ques ou sur­réal­istes en suiv­ant une trame pro­pre­ment ini­ti­a­tique. Quel plus beau recueil rêver pour entr­er en poésie ?

            Un livre récem­ment édité vient com­pléter ce moment de son exis­tence. Fait excep­tion­nel, c’est un réc­it daté du mois d’août 1958, à Saint-Cirq Lapopie. Sur les pas de la fille du soleil eut pour pre­mier lecteur André Bre­ton lui-même, et finale­ment, le réc­it atten­dra quar­ante-qua­tre années pour paraître au grand jour. Non sans quelque hési­ta­tion, l’auteur le don­na à pub­li­er, peut-être en rai­son d’une pro­fu­sion d’événements tels qu’on les voit par­fois en rêve. En effet, le héros, René Sol, suit les péripéties d’un rêve prophé­tique, où une sim­ple porte ouvre vers l’inconnu.  On y retrou­ve un tra­jet dans l’obscur, et l’alternance d’une voix intérieure avec une voix nar­ra­tive plus objec­tive en apparence rend compte des péripéties du voy­age, descente à l’intérieur de la terre à la manière sub­lime des héros de E.P.Jacobs perçant l’énigme de l’Atlantide à par­tir d’une mine d’orichalque. Cette référence, qui pour­rait sem­bler hors de pro­pos, était, sans que je le sache, l’une de celles de l’auteur, admi­ra­teur d’un E.P. Jacobs curieux des énigmes de l’univers et tour­nant un esprit sci­en­tifique vers les hypothès­es les plus auda­cieuses. Ce réc­it, qui abonde en trou­vailles nar­ra­tives, comme une clé révélée à l’intérieur d’un brasi­er, ou une pierre qui devient une « lampe per­pétuelle », est tout entier cen­tré sur la fig­ure séduisante d’une fugi­tive, que le héros finit par rejoin­dre, au terme d’une ascen­sion, comme s’il se brûlait au feu du soleil et dans l’ardeur de son pro­pre amour. L’importance du thème de l’amour comme trans­mu­ta­tion du corps et envoûte­ment de l’esprit, ren­dant l’être auda­cieux, et insou­ciant de sa pro­pre sécu­rité, durent séduire le maître du sur­réal­isme, tout comme la con­fi­ance accordée à la voix de l’inconscient. Dans ce réc­it fondé sur un rêve, la part belle est faite à une poésie visuelle, à un art vision­naire qui sera la mar­que de très nom­breux poèmes.

La dimen­sion éro­tique de l’oeuvre de cet auteur n’est pas directe­ment per­cep­ti­ble, puisqu’il s’agit le plus sou­vent d’un amour sub­limé, où le char­nel  pro­duit du spir­ituel. Cepen­dant, la ques­tion de l’érotisme est bien au coeur de l’alchimie, dans sa sym­bol­ique des couleurs, pas­sant par le rouge, dans les opéra­tions même de com­bus­tion, ou de fer­men­ta­tion dans le coït philosophal. Elie-Charles Fla­mand a d’ailleurs pub­lié une Ero­tique de l’Alchimie par la suite, qui asso­cie gravures et por­traits d’alchimistes dans leur rela­tion à l’érotisme.[12].

   Curieuse­ment, l’auteur pub­liera peu jusqu’à la réédi­tion de ce coup d’envoi sous un nou­veau titre, La Lune feuil­lée, con­tenant de nom­breux autres poèmes, en 1968…Etonnant livre encore que celui-là, pré­facé par André Pieyre de Man­di­ar­gues qui louangeait par­al­lèle­ment la sim­ple fran­chise d’Alba de Cespèdes, laque­lle pub­li­ait des poèmes du mois de mai qui chan­taient la révo­lu­tion des enfants de la bour­geoisie française. L’histoire sem­ble comme au dehors, chute de neige der­rière la vit­re, tan­dis qu’Elie-Charles Fla­mand se dédi­ait à de longs travaux sur la pein­ture de la Renais­sance. « Instants miroirs ardents de l’éveil »,  « Vivi­er des signes décisifs », « Pierre de vérité » s’ajoutent comme le résul­tat de ces dix années.

La per­spec­tive d’une « inter­nelle nav­i­ga­tion » se pré­cise, suiv­ant une route qui con­duirait au « noeud des mon­des ». Le poète est un vig­ile, atten­tif au monde, « éternisant en nous le chant de la matière pen­sive »[13]

Cer­tains de ces vers son­nent famil­ière­ment comme des sen­tences, qui sont autant des mots d’encouragement adressés à soi-même, en chemin, que des injonc­tions qui con­duisent le lecteur à entr­er par empathie dans la per­spec­tive de l’auteur, qui est celle d’une transfiguration :

            « Changez votre âme con­tre celle de l’agate

            Alors vous pour­rez goûter au pollen des étoiles

            Et dénouer les boucles du man­dala »[14]

 

Le lex­ique employé ren­voie au monde de l’alchimie, ou de l’ésotérisme au sens plus large, mais recom­posé suiv­ant les lois de la poésie, trans­for­mé en métaphores comme « les chenets des arcanes », « le chas des gri­moires », ou le « revif ». Ces poèmes don­nent la preuve d’une éton­nante plas­tic­ité des images, élu­ar­di­ennes ou rap­pelant Edmond Jabès, comme « la nuit potable ». L’expression devient inven­tive et ailée pour sug­gér­er une expéri­ence hors du com­mun, avec néol­o­gismes sin­guliers comme « la chair s’illimite », ou bien « Je remon­tais vers l’anti-présence ». Le poète sem­ble alors bien avoir appliqué sa méth­ode de con­nais­sance par le sub­con­scient, de lente émer­gence vers le spir­ituel, en s’arrachant « à la suc­cion des fonds orig­inels »[15].

Cette lune feuil­lée, cette lune tal­is­man­ique est une des très belles pier­res de son lap­idaire. Il s’agit cer­taine­ment d’un recueil plus « pro­fane », jouant de claviers depuis aban­don­nés pour une quête plus resser­rée sur elle-même. Ces poèmes s’imposent à tout lecteur sen­si­ble à une grâce her­mé­tique par­ente des neiges, du miroir et de l’acier.

 

             Ce sont des « ros­es très austères » qui pré­fig­urent un autre ensem­ble de poèmes parus en trois vol­umes d’un éton­nant for­mat car­ré aux Edi­tions Le Point d’or (Michel Landi­er) entre 1982 et 1988. Entre-temps, dans la décen­nie soix­ante-dix, trois nou­veaux recueils ont paru, qui nous ren­seignent ample­ment sur la vie intérieure de l’auteur, dans la pour­suite de sa quête spirituelle.

             Attis­er la rose cru­ciale, paru en 1982, et tiré à 350 exem­plaires, sonne comme un recueil rosi­cru­cien. La gravure en fron­tispice sem­ble garder le seuil, comme l’ange por­teur d’une épée. Le titre superbe vient détourn­er une référence ésotérique trop explicite et pour­rait con­duire à bien d’autres lec­tures. L’ouvrage sem­ble décrire la lutte du soli­taire impé­trant con­tre les forces mul­ti­pliées de l’univers, encore vaudrait-il mieux dire une étreinte, un corps à corps entre la volon­té de nom­i­na­tion poé­tique et le silence, et une com­mu­nauté de nature entre fer­veur poé­tique et prière. Un « point d’or » est rejoint, celui « d’une parole prête à fruc­ti­fi­er dès que le ciel pénétr­era les pier­res fastes »[16] . Jamais la ver­tu théolo­gale d’espérance ne fait défaut, et celui qui cherche finit par voir : « Quelque­fois j’ai vu ma nuit intérieure se par­er d’une ray­on­nante déchirure »[17]. Une image se man­i­feste déjà, qui trou­vera à s’exprimer plus large­ment dans un recueil, sous le titre Pacte avec la source[18]. En effet, appa­raît ici « la source de muta­tion », soit une piscine pro­ba­tique, ou le moyen de chang­er le mal en bien. Un « ressource­ment » au sens fort peut enfin s’effectuer. Au fond, l’efficacité de la quête est fonc­tion d’une qual­ité de fer­veur, capa­ble à elle seule  de saisir « le viv­i­fi­ant secret du matin »[19].

            Petit à petit, un thème émerge qui ira crescen­do, celui de la « lumière sans ombre », soit une illu­mi­na­tion, un « jour aurifère », ou bien encore des « lueurs hab­it­a­bles ». Surtout, la quête ésotérique prend une impor­tance crois­sante et devient un thème majeur de nom­breux poèmes, dans une langue de plus en plus codée : « éloignons-nous du noir cristal adom­brant le tem­ple inachevé, afin d’aller nous enfouir dans l’athanor d’une soli­tude bap­tismale »[20]. Ce recueil est précédé d’une essai sur la poésie hiéro­phanique inti­t­ulé  « La Quête du Verbe » qui pose les principes néces­saires pour un art poé­tique : la parole est enfouie au fond de nous. Il fau­dra donc devenir le démi­urge de sa pro­pre parole poé­tique et trou­ver les images qui man­i­fes­tent au mieux les arché­types et les signes sacrés.

            L’Attentive lumière est dans la crypte est un sec­ond recueil illus­tré par le sculp­teur Gae­tano di Mar­ti­no suiv­ant des formes sym­bol­iques de grande puis­sance. C’est un recueil inter­mé­di­aire qui parachève un mou­ve­ment d’amour et d’adoration : « l’amour affleure avec ses voix stel­laires… »[21]

Les acteurs de ce théâtre intérieur gran­dis­sent en abstrac­tion jusqu’à devenir pure lumière : « Je vois là s’affiner tem­pétueuse­ment / Le devenir de la lumière/ Qui s’ouvre sur la blancheur du Vide »[22].

            Trans­parences de l’Unique paraît enfin en 1988, illus­tré mag­nifique­ment par le pein­tre-cal­ligraphe Chu Teh-Chun,  et s’ouvre par « Héri­tant ces galets de clarté ». Ce dernier ouvrage témoigne d’une vic­toire sous forme de « renou­veau », ou d’« embel­lie » : l’être entre en pleine pos­ses­sion de lui-même, à con­di­tion ici encore de pass­er par des épreuves dont le cadre matériel est minu­tieuse­ment décrit, mais suiv­ant non pas le réal­isme descrip­tif, mais un détourne­ment rad­i­cal des pro­priétés de l’espace, des « arcs ironiques » à un « paysage minéral », « sous les méan­dres des intrigues stel­laires »[23]

Le ton devient par­fois sen­ten­cieux, détour­nant par­fois cer­tains proverbes, dans une inven­tiv­ité heureuse du lan­gage : « Tant va la chance mécon­nue qu’elle finit par rejoin­dre la courbe unique »[24]. En dépit de la longueur du tra­jet, c’est la con­fi­ance et une tonal­ité heureuse qui domi­nent ce recueil, comme si la lumière trou­vait enfin à s’accomplir.

Ces trois recueils, unis par une présen­ta­tion sim­i­laire, sem­blent par­courir un arc qui va d’une lab­o­ratieuse ini­ti­a­tion visant à appro­fondir la dimen­sion spir­ituelle de l’être jusqu’à une cer­ti­tude visionnaire.

Ce qui s’ouvre à la pierre du matin et L’immuable et l’envol parais­sent à deux ans d’intervalle aux Edi­tions du Soleil Natal. Ces deux recueils illus­trés l’un par des emblèmes du XVI­Ième siè­cle, l’autre par des com­po­si­tions d’Obéline, précè­dent Les Chemins embel­lis et Au Vif de l’abîme cristallin, ce dernier ayant été pub­lié par les édi­tions Tara­buste, en 1996. L’hypothèse serait que chaque recueil coïn­cide avec un tra­jet dont le sup­port est matériel — ce sont de vrais escarpe­ments, de vrais soleils — vers un espace rare et peu acces­si­ble, image trans­par­ente d’une trans­mu­ta­tion. Une odyssée intérieure est relancée de poème en poème, en un pré­cip­ité ver­bal nulle­ment gra­tu­it et jamais seule­ment esthé­tique. Le poème serait ici l’alchimie en acte et le baromètre de l’âme. Avec plus ou moins d’assurance, le poète peut annon­cer le frémisse­ment d’une délivrance. Mais nul ne peut affirmer si l’embellie sera durable, dans le dia­logue de forces con­traires. Et c’est ce dia­logue, maintes fois relancé, qui se pour­suit sous nos yeux, avec les recueils suiv­ants, Les Temps fusion­nent , qui asso­cie oeu­vres d’art et objets de tous les temps, par une trans­fig­u­ra­tion poé­tique, Pacte avec la source, Vers l’or de nuit, et le tout dernier, Dis­tance inci­ta­tive, qui asso­cie poèmes et pho­togra­phies par Obé­line des grèves de Varengeville, sur la Manche[25].

Inlass­able­ment, Elie-Charles Fla­mand extrait, d’un livre à l’autre, la fer­veur d’un soleil noir.

                                                                                                                                 Marc Kober

Cet article est paru dans la revue LA SŒUR DE L’ANGE N°3

Editions A CONTRARIO.

Copyright : la revue et l’auteur.

 


[1] Les Méan­dres du sens — Retour en Forez, retour sur moi-même, Edi­tions Dervy, 2004, p. 29. Cet ouvrage est cap­i­tal pour la mise en per­spec­tive d’une exis­tence pas­sion­née suiv­ant divers moments de créa­tion et de réflex­ion. L’ouvrage est si divers et si sur­prenant que les libraires ne savent pas dans quel ray­on le plac­er, et c’est là toute sa force !

 

[2] La Lune feuil­lée, pré­face d’André Pieyre de Man­di­ar­gues, Pierre Bel­fond, 1968, p. 43. Ouvrage épuisé.

[3]  Elie-Charles Fla­mand, La Tour Saint-Jacques, Edi­tions La Table d’Emeraude, Paris, 1991. Les oeu­vres de Nico­las Flamel ont été pré­facées par ce même auteur aux Edi­tions du Cour­ri­er du Livre, en 1989.

[4] L’Immuable et l’Envol, Edi­tions du Soleil Natal, 1993.

[5] Les Méan­dres du sens, op. cit. , p. 85 et sq.

[6] Dans le reg­istre de l’essai, l’auteur a pub­lié une belle étude sur les minéraux : Les pier­res mag­iques, Le Cour­ri­er du livre, 1981.

[7] Les Méan­dres du sens, op. cit. , p. 113.

[8] La Tour Saint-Jacques, op. cit. , p. 24.

[9]  Yves-Alain Favre, Alchimie et poésie dans l’oeuvre d’Elie-Charles Fla­mand,  Deux­ième col­loque du Cen­tre de recherche sur le mer­veilleux et l’irréel en lit­téra­ture, Uni­ver­sité de Caen, début sep­tem­bre 1989.

[10] André Bre­ton , en 1957. Le mot est souligné par André Breton.

[11] Entre­tien réal­isé par André Lagrange, été 1993, Join­ture n°34.

[12] Ero­tique de l’alchimie, Le Cour­ri­er du Livre, 1989. Avec une pré­face d’Eugène Canseliet.

[13] « Sur une stat­ue oscil­lante de Takis », La Lune feuil­lée, op. cit. , p. 43.

[14] «  Itinéraire du pein­tre », idem, p. 45.

[15]  « Céré­mo­ni­al de l’abandon aux méta­mor­phoses », idem, p. 81.

[16] Attis­er la rose cru­ciale, « Pren­dre appui »,  Le point d’or, 1982, p.33.

[17] idem, p. 35.

[18] Pacte avec la source, La Lucarne ovale, 2000.

[19] idem, p. 53.

[20] « Dépouille­ment », idem, p. 66. Il s’agit d’un poème en prose.

[21] L’Attentive lumière est dans la crypte, Le Point d’or, 1984, p. 17.

[22] idem, p. 38.

[23] Trans­parences de l’Unique, «Rétro­spec­tif », Le Point d’or, 1988,  p. 23.

[24] Idem, « Sec­ours de l’envers », op. cit. , p. 28.

[25] Tous ces recueils sont parus aux édi­tions de la Lucarne ovale (21, La plaine du Jar­ri­er, 77720, Saint-Ouen-en-Brie) entre 1998 et 2005.

 

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