En su vejez
se lava­ba los ojos
con agua de rosas.

Dor­mía la siesta
a la som­bra de los duraznos
y nos habla­ba de caballos
per­di­dos en la niebla,
de vena­dos en el tem­blor del agua,
de una casa que ardió toda la noche.

“El tiem­po pasa
como una bola de fuego”,
dijo una vez.

La som­bra del ala
del som­brero en su rostro,
la lum­bre del tabaco,
la palo­ma de su mano en mi hombro.

De un golpe seco,
en la nunca,
mand­a­ba al otro mun­do los conejos.

Ajo en ayunas
y una sil­la en el patio,
secre­tos del viejo.

Para mi cumpleaños
abrió el baúl, su mundo,
y escogió algo que por la forma
de sostenerlo
entendí que le era muy querido,
un trompo de colores
que aún conservo.

 

 

Le grand-père

Dans sa vieillesse
Il se lavait les yeux
Avec de l’eau de roses.

Il fai­sait la sieste
à l’ombre des pêchers
et il nous par­lait de chevaux
per­dus dans la neige,
de cerfs dans l’eau tremblante,
d’une mai­son qui a brûlé toute la nuit.

« Le temps passe
comme une boule de feu »,
dit-il un jour.

L’ombre
du cha­peau sur son visage,
la braise du tabac,
la plume de sa main sur mon épaule.

D’un coup sec,
sur la nuque,
il envoy­ait les lap­ins dans l’autre monde.

De l’ail à jeun
et une chaise dans la cour,
les secrets du vieux.

Le jour de mon anniversaire
il ouvrit le cof­fre, son monde,
et il choisit une chose,
à la manière dont il la tenait
je com­pris qu’elle était précieuse,
une toupie colorée
que je garde encore.

 

Tra­duc­tion, Lau­ra Vazquez

image_pdfimage_print