Un point étranger, dans le vide prend du vol­ume. Devant nous imper­turbable, la fin d’un voy­age immense.

En équili­bre. Bleu, bleu, bleu. Enfer­més. On s’approche.

Depuis le silence du ciel, notre terre promise. Un fan­tôme sur la mer.

On m’en a par­lé. Des blancs qui ont mis des noirs à la place des indi­ens. Des esclaves puis plus d’esclaves. Des phéni­ciens. Puis des blancs soudain venus aider les noirs. J’ai rien com­pris. Tant de couleurs, rassem­blées là par hasard. Tous étrangers les uns aux autres. Leurs règles, leurs lois, cha­cun son tour.

Nous tra­ver­sons quelque chose. Plus de retour pos­si­ble. Bou-Ta-Bou ! Une autre sec­ousse et mon voisin a peur. Son vis­age, inex­pres­sif jusque là, s’ouvre pour gémir. Moi ça fait un moment que la ver­tig­ineuse m’enlace et me tire, par à coups. Silencieuse.

L’oiseau en métal pique du bec. Comme s’il avait per­du con­nais­sance. Le sol se rap­proche, étranger. Il n’y a plus d’arbre sur ce rocher sec. La peur brûle. Plus d’air, des visions, déjà tous morts. J’avais des rêves moi ! J’allais tra­vailler ! Peut-être même aimer.

Comme si toute tra­jec­toire nous était impos­si­ble. Leurs règles, leurs lois, cha­cun son tour. Et tous appren­nent à survivre.

Bou-Ta-Bou ! On nous avait promis la paix, la for­tune. Cer­tains d’entre nous sont arrivés attachés. Moi je n’ai pas bronché. J’ai fait sem­blant de ne pas com­pren­dre. Je repense à là-bas. C’est telle­ment loin maintenant.

Tabou !

Autour de moi les cris des autres, déjà fous. Peut-être que nous n’existons pas. De toutes mes forces je fais semblant.

Seuls. En silence. On va s’écraser.

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