Dans le halètement
du jour qui se dérobe
l’air tout entier
tremble

par­cou­ru de lueurs
loques de lumière
qui ondulent
à tra­vers les siècles.

*

L’aurore
immobilise
le ciel assail­li de sel

en retrait dans le jour exact
une minérale rumeur
frôle la sagesse
du regard qui s’estompe
gorgé de sel.

*

L’infime infi­ni
de nos pensées
s’éclaire
dans les psaumes
des pluies ardentes

empli par les répons­es ténues
à de som­bres questions.

*

Chaque vibra­tion du jour
ramène aux clartés incertaines
et épais­sit les incertitudes

Une res­pi­ra­tion fragile
me con­duit au-devant de moi
et au tout dedans de moi

Les mots resser­rent leur trame.

*

Je creuse les mots
qui tien­nent en éveil
au bord de la falaise

un étroit passage
imper­cep­ti­ble et fragile
entre être
et vivre.

*

Là où demeure
la mémoire obscure

l’ombre con­dense
l’évidence brûlante
des mots

éclair pétri­fié
de notre pro­pre vie
igno­rante d’elle-même.

*

Dans les fissures
de la mémoire
le peu de terre
remonte péniblement
vers nous

éparpil­lé.

*

Tout est couleur de silence
et s’éternise
en la trans­parence de l’instant

L’essentiel se tait

Il n’accorde que l’énigme
d’un ultime éclair
pour le découvrir.

*

Les pier­res
me coupent de leurs arêtes vives
pour pénétr­er le silence
je dois me dépouiller de moi-même

avant de disparaître
à nouveau
dans l’ombre des mots.

*

Le ciel grave
quelques copeaux de lumière

quelque chose ici
se murmure
qui échappe à la mort.

 

Extrait de Entre-temps (édi­tions Inter­ven­tions à Haute Voix, 2004, tirage épuisé)

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