Le sang qui te con­sume a les lèvres d’un mort. Sa longue char­retée de rêves le plie à ton émoi. N’écoute pas les orgues de ce sang encrassé, ils refer­ment sur toi les plus bass­es frayeurs. Va, cours à la ville, le monde trem­blera dans tes mains fatiguées.

Le dire a men­ti et le poème est mort. Le sang qui te con­sume a les lèvres d’un mort. Ferme la porte aux sor­tilèges. La langue a trop vieil­li, elle ne suit plus le monde ; aveu­gle elle titube.

Feu d’escadre et de cen­dre fait taire tes canons. Le sang qui te con­sume a égaré le rythme la plage au grand soleil rede­vient elle-même. Le regard médusé ne croit plus aux mer­veilles. Il cherche la rai­son où il ne voy­ait que rêves. Sa force a déserté les bocages menteurs ; son aile se déploie et éborgne le monde. Le temps, a‑t-il dit, passe.

 

Le temps, a‑t-il dit, passe
Des ombres déjà s’accrochent à sa chair
La mémoire revient
La vie devient la vie
Et la mort en passant
Jette un regard sur lui.

Le temps, a‑t-il dit, passe.

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