Une livide petite pluie de printemps
farine entre les collines et détend la terre ;
le chant du coq accom­pa­g­né par le tapage
d’un noc­turne attardé ne m’atteint qu’atténué
qua­si comme du fond d’un coquillage
et le claque­ment sourd de pas dans la cuisine
se mêlent dans mon clair-obscur au souvenir
d’une île à la dérive.

Mon espérance, comme celle des herbes, des bêtes,
est plutôt saison­nière ; j’en ai bon an mal an
pris l’habitude, ain­si que d’oublier un peu
chaque jour ma jeunesse. Une sève ordinaire,
ténue et sans saveur particulière
cir­cule dans mes veines. Vingt ans, vingt ans déjà
de l’autre côté, et je ne sais pas pourquoi
j’ai tra­ver­sé la mer.

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