Après les blessures, recoudre un peu de jour
Et porter le drap ensanglanté.
Mal­gré le rouge qui survit (mer sèche
Qu’on ne lav­era pas) j’arbore
L’habit qui dira trop de moi. Miroir qui fond
Dans le désert, mil­lésime oublié à la cave
Ou brugnons pour­ris : à quel abandon
Aurais-je à mon tour con­sen­ti, dans la tristesse adulte
Et le dernier regard sur mes jou­ets d’enfant ?
Qui aurait, pour cha­cun de nous, choisi d’abattre
L’arbre intérieur ? Dis-moi, si tu le sais,
Pourquoi la vie est dev­enue minuscule
Dans les yeux que j’aimais ? Quel dieu dolent
Ou quel sur­saut face à la lumière inconnue
A étouf­fé leurs cris ? Pourquoi le rêve
S’est-il sali ? Pourquoi ont-ils si soif d’un refuge ?
Pourquoi, loin du gouf­fre, l’effroi déjà les assaille ?
Minu­tieuse­ment, réponds-moi pourquoi ils fuient.
Dis-moi pourquoi leur patience est mon enfer
Et enfin, apprends-moi pourquoi leurs cœurs
Ne brû­lent plus.

 

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