Face de nuit, face de jour, argentées de mistral
les feuilles des ormes toupillent cette fin octobre
comme se succèdent les ridules au fil de l’eau,
disparaissent et renaissent en des directions folles
devant le promeneur suspendu à ce plomb du temps,
quand le matin estompe sa marche parmi des saules.
Les autres frondaisons ont aussi commencé, déjà,
le passage des verts à l’ocreux précédant leur chute,
pour bientôt ; le chemin n’en est pas encore jonché
mais se tache, ici ou là, des couleurs de l’automne.
Observer, qui n’est pas neutre, nous inscrit en tout ça.
En couvrant les troncs morts allégés par les ans, le lierre
prolonge l’image non mensongère d’une vie
semblant passer le gué des saisons sans grand dommage.
Je me sens souvent part intégrante de sa feuillée,
admirant la beauté résignée de toute faiblesse
sans ignorer jamais que le pire reste à venir.