à Matthieu Baumier
 

S’il est tou­jours minu­it en ce siècle
A la ker­messe des étoiles
Le meilleur est encore à venir
Les épiciers du cœur tien­nent boutique
Sous le bec des vautours
La chair quitte les os
Ce monde est un vaste charnier
Les hommes cherchent en vain leur ciel
Dans le  regard vit­reux des autres

Pour que le coq puisse annon­cer l’aurore
J’en appelle aux clowns et aux prophètes
Aux bateleurs, aux rêveurs, aux jongleurs
Et au cœur de soleil des forains
Il faut replanter l’arbre  de vie
Dans l’humus des cœurs
Avant que l’océan de la mort
Engloutisse la terre où, êtres sans destin,
Nous errons en quête de notre Orient 

On ne pour­ra  plus dormir tranquille
Tant que l’on n’aura pas les yeux ouverts
Restent le courage et la lucidité
Pour aimer en dernier recours
Notre  réal­ité est plus grande que les illusions
Nous savons  que nos  jours sont comptés
Nos colères rouges doivent refleurir
Bien que les coqueli­cots soient éphémères
Afin de partager le beau  pain des forts et des sages

Pour que la sève irrigue nos branches
J’en appelle aux buveurs de lune,
Aux alchimistes du verbe qui allument
Des soleils d’or au cœur de la nuit
Aux con­quérants de la Toi­son d’or,
Aux guet­teurs de l’invisible et de l’indicible
Aux chercheurs de Graal et aux fils du vent
Aux cracheurs de mots de feu
Et aux pro­fesseurs d’espérance 

S’il est encore minu­it dans ce siècle 
A la ker­messe des étoiles
Le meilleur est tou­jours à venir
J’en appelle à vous, Nobles Voyageurs
Qui tra­versez  l’espace et le temps
Moi, qui suis un arbre en marche
Dont les racines sont dans le ciel
Je  m’en remets à vous, Mer­lin et Mélusine
Et vous, mes sem­blables, que la poésie vous garde…

 

[poème inédit]

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