Lente­ment le sable coule et s’ef­facent les pas
Entre la mémoire et l’ou­bli il n’est pas
de solu­tion de continuité
Remords et regrets Sou­venirs et nostalgie
Tout est à la fois l’un et l’autre
et aus­si bien l’autre que l’un
face et pile d’une monnaie
lancée en l’air par le destin
Le jour cède place à la nuit
et la nuit s’achève en aube
d’un autre jour aussitôt
que pian­otent les pétales
dans la roseraie de l’aurore
Pour la plante assoif­fée la pluie
est comme une bénédiction
Mais peut être aus­si tragédie
Et le soleil fait rire la pluie
L’eau s’in­fil­tre à tra­vers le sol
pour que plus tard la source éclaire
l’ob­scu­rité du fond d’un puits
ou le jet blanc d’une fontaine
Dans les méan­dres virtuels
de l’éponge qui nous habite
les sou­venirs s’insinuent
s’é­parpil­lent et se dissolvent
en déposant sur les parois
des grottes que le sang éclaire
goutte à goutte les concrétions
qui édi­fient notre mystère
pour qu’un jour sans en avoir l’air
les doigts verts du print­emps surgissent
de tant d’ou­bli accumulé
et qu’à nos lèvres les mots viennent
du chant qu’on avait cru perdu
mais qui revient quand on s’oublie.

image_pdfimage_print