Un réc­it précède

je prends le mot en marche
la parole coule
dans le bief

je vois clair
le lent tra­vail commence

poignée d’air
par poignée d’air

 

 

 

 

 

Terre à nul soleil
Dévastée d’avenir
terre à peine
de ten­dress­es déchirées
de houle

aux lèvres immobiles

redire encore
redire à peine

terre per­due

mais rien d’autre ne sourit

 

 

 

 

 

Je marche
les mots s’allègent
et disparaissent

du fond de la mémoire
un oiseau chante

sa voix m’entoure
si mince
qui me saisit

écouter
c’est enfin dire

 

 

 

 

 

Tout un réel fendu
ajus­tant l’espérance

les mots complices
en retour
vont
à voix basse

et tirent

tout un visage
de mémoire
de buée

à nou­veau
dans le plein

 

 

 

 

Dans l’impasse
au sommet

une ombre à plat
blanche
en un car­ré de soleil

blanc
fait table rase

 

 

 

 

L’ombre des visages
que je dénoue
celle des mots

la neige encore
à tirer
la cloche des égarés

à rin­cer
la corde des pendus

sous
une haleine de sang

 

 

 

 

 

Demain
comme aujourd’hui

le même pain blanc
le même bol d’eau

que la voix
défigure

 

 

 

 

 

Sim­ple peau
ten­due sur la mort
comme un ajournement

pour toi
je l’étire un peu
si peu

que je me tais

 

 

 

 

L’ombre grandit
seule
il n’y a personne

le cri sans obstacle
tourne court

et revient
dans son opacité
le jour est transparent

la paume offerte

 

 

 

 

Petite suite
comme un coup de dé
un trépas

ici
ne me con­nait pas
ici entre moi et non moi

délivré de l’espérance
la parole se renverse

tout à renaître
 

image_pdfimage_print