Violoncelle lancé dans la terre comme une flèche tombée
opulent ton corps sur sa fine épine dorsale
tremble suspendu Des coups d’archet caustiques te mettent
en péril te provoquent de tables d’harmonie de ver et de sève
Tes doigts pour monter descendre descendre plus bas
aspirer une toile invisible vers l’immensité astrale
Tes doigts caressent le ciel Ton corps le dit
toute la lumière pour lever et écarter son voile
Tu avances à grands pas tu mords à chaque ton d’iode
Rien ne peut t’intimider casse-cou de la musique
explorateur du pouls combattant résistant
Condamné est le mur contre lequel tu finiras
Tu mords le vermillon au goût de miel avec tant de véhémence
frère de sang mon sang coule dans tes veines
Dans tes affres je te fais tournoyer te tapote doucement
Là où vibre le gland tu sanglotes en moi de tes sons les plus sombres
Intermittence puis tu gémis aux éclats d’étoiles polaires
et celui qui t’a brûlé de ton archet te sourit maintenant
Tu respires plus calmement Nous nous arrêtons Nirvana
Ptérodactyle peccadille tactile
— l’archet est relâché dix doigts travaillent ton corps
font monter de la mer une brume légère et dans un tel silence
petite tape énigme le vent coupe au rasoir les feuilles de bananier
et dans un tel silence une pluie apaisante insiste
gravant ses messages en pointillé braille pour les membres
morse — nouvelles de moi de toi et de la mer
et gravissant la montagne des rochers et des arbres
Traduction de Jacqueline Starer
Cello
Cello lanced in earth like a fallen arrow
opulent your body on the slender spine
quivers suspended Caustic bowstrokes risk you
challenge you from soundboards of worm and sap
Your fingers to ascend step down step deeper
suck away a web into the vastness of stars
Your fingers feather heaven Your body mouths it
tempts light to lift and cast aside its veil
You stride you bite at every iodine tone
Nothing can daunt you music’s desperado
explorer of the pulse fighter resistant
Doomed is the wall your back will die against
So vehemently you bite mellifluous vermilion
blood-brother my blood is grained in your grain
In your throes I gyrate you churn you softly
where the glans throbs you sob in me your darkest sounds
you intermit wail to shattered pole-stars
and he who fired you from his bow smiles down at you
You breathe more easily We pause Nirvana
Pterodactyl peccadillo tactile
— the bow released ten fingers work your body
draw haze from the sea and in such silence
strum conundrum wind razors banana leaves
and in such silence appeasing rain insists
stippling its messages Braille to the limbs
morse — news of me of you and of the sea
and climbing the mountain of the rocks the trees