Chaque soir, je descends dans la rue
et la rue s’enroule autour de moi
comme le bandage sur la plaie.
Je passe le fleuve. Ses chiens infidèles
me lèchent la main.
Par-dessous les ponts,
coule la chair de mes ennemis,
en grands quartiers, bleuâtres.
C’est ainsi que je marche à travers la ville,
comme un dieu paresseux et cruel.
Les rues s’enroulent, poisseuses,
l’une après l’autre, autour de moi,
et cet enroulement, c’est la ville même,
sous les hardes militaires du matin.
Toujours plus mince, toujours plus lucide.
C’est ainsi que je marche à travers la ville.
Comme un doigt qui tourne dans la plaie,
qui l’élargit.