La pierre a bu
comme une source éteinte
le scin­tille­ment des ombres

Il y a alors une pesanteur
légère
délivrée des inquiétudes

prise entre l’homme
et la mémoire de l’homme.

*

L’étincelle et l’ombre ancienne
échangent leurs horizons
plus vagabonds que les saisons

J’écoute le frémissement
éphémère
qui nous sert de destin.

*

La matrice de pierre
con­fiée  aux pul­sa­tions de l’origine
retrou­ve son som­meil natal

Les ondes lentes
ouvrent en moi
ciel et terre.

*

Les ondes se resserrent
et divergent
en infinies variations
fil­igranées de spires

comme un monde
qui se dilate.

*

La pul­sa­tion du flux et du reflux
fait jail­lir le mag­ma génital
qui ani­me toute naissance

Les échos concentriques
qui nais­sent de nos cendres
ruissellent.

*

La pal­pi­ta­tion
infuse
des pro­ces­sions volatiles
qui font trem­bler les ondes

En mourant
elles se renouvellent
pour des rendez-vous
devenus illis­i­bles à notre mémoire.

*

Le monde
sem­ble se clore

refluer
vers la mémoire

afin que surgisse
ce qui ne peut s’effacer.

 

 

 

Gavri­nis est une île du golfe du Mor­bi­han, au large de Lar­mor-Baden. Son cairn datant du néolithique com­porte 29 dalles dont 23 sont  remar­quable­ment gravées sur toute leur surface.

Extrait de Un monde de pierres
(édi­tions Blanc Silex, Prix poésie des Ecrivains Bre­tons 2002, épuisé)
 

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