So I, with bosom-swell,
Make wit­ness here between the good and bad
That Love, as strong as Death, retrieves as well.

Eliz­a­beth Bar­rett Browning
(Son­nets from the Por­tuguese)

 

PRIERES

(extraits)

 

C’est en pèlerin
sans espoir
que je monte vers elle :

son énigme
vivante
qui me tente
sans cesse –

Mais jamais le mystère
ne sera
résolu

à portée de la main
sur
l’impossible horizon
de son rire
de joie

 

**********

 

Le par­fum de ses lèvres est celui de la terre inondée de la grâce, la fra­grance des fleurs en échange de ce monde,
Il est le vin de l’Amour dont s’enivre mon âme.

« Qu’elle me baise des bais­ers de sa bouche ! »

Les étoiles dans le ciel, et les pôles tournoient sur leurs axes trem­blants comme le vin de ses lèvres me chavire le cœur.

 

*********

Elle sort de l’eau –
je sais bien -
comme Déesse des vagues sur les côtes de Chypre :

sur ses hanch­es mouillées
redorées
de lumière,

toute l’énigme de mer
des baptêmes
nouveaux –

se marie l’âme au corps

et se donne
à l’Esprit
la splen­deur                       de la chair
 

**********

 

Et dans le coeur
de l’amour -

cette étreinte de glace
où se fige le sang
et expire le mot
qui
se for­mait juste aux lèvres –

le néant essentiel
où se baigne
la lune :

dans les traînes du soir
qu’obombrent
les sentiers
lumineux de son coeur

 

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Il n’y a pas moin­dre doute :

Tu es tout l’univers,
et
dans les étoiles loin­taines des galaxies
vagabondes,
l’exubérance de la Vie que sus­ci­tent tes yeux –

Je dois tourn­er tout autour
de ton coeur incendié
si tu t’absentes
de mes mains,
de mon corps,
de mon coeur exhaussé
par
la puis­sance de ton rire…

 

*********

 

Les eaux lentes et noires
d’où percent
les lotus …

N’est-elle pas ce lotus
que l’on tient
à la main,

le lo-
tus tout ouvert
sous les mains adorantes
des déesses
jumelles

dans la nuit qui murmure
du zodiaque
emporté ?
 

**********

 

DIRELLE

(extraits)

 

Il ne sert à rien de dire – Et encore beau­coup plus :
on se perd en par­lant, on s’exile de soi-même.
Même si c’est nécessaire …

 

  (Poésie : ne serait-ce dès lors la parole qui pré­tend qu’elle nous dit quelque chose – sans pou­voir rien nous dire : le lan­gage du silence
où s’exprime le silence
de devoir se briser ?)

 

**********

 

Une feuille qui balance
et
la crois­sance de sa tige :

vraie parole de poète.
 

**********

 

La Nature est poète – qui se fab­rique sans cesse.

Ce qui va advenir en se forçant à mon­ter à la lumière du soleil –

Et qui est tou­jours féminin

 

 

 

 

 

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