à Mireille

 

A la table du soir, le jour abat ses cartes. Le soleil sort du paysage par la rue qui descend. Les cœurs bat­tent plus fort mais on par­le plus bas. On dirait que la vie hésite, qu’elle mar­que le pas. Les derniers flot­tants de lumière grif­f­ent les toits et font clign­er les yeux. En haut, quelqu’un lit, le front con­tre la vit­re. Dans la débâ­cle des feux loin­tains, déjà l’aube gri­mace et l’horizon s’éteint. Au fond du cor­ri­dor, le silence est plus franc. Dans le rêve où tu dors, la vie ne quitte pas sa ligne, jamais elle ne ment. Tout recom­mence et tout con­tin­ue, les heures bleues, l’instant soyeux, le temps obscur qui reste à vivre. 

Les Fugi­tifs
 

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