MAISON

Par | 27 octobre 2013|Catégories : Blog|

 

150-

La mai­son éprou­ve à nou­veau les eaux et le soleil. Arrière-petite fille de celle de Thore­au, elle se tient près de la clairière

Et du ruis­seau. Sur la table, un couteau, une assi­ette ; la lumière se glisse entre la fenêtre entrouverte.

 

Une voix dans le couloir ; le paysage s’avance pour boire un verre d’eau qui lui rap­pelle un puits.

Des épin­gles à linge entre deux arbres cen­te­naires ; en-dessous la neige entre les brins d’herbe.

 

151-

Au-sor­ti de la mai­son, le monde par­le, par­le toutes les langues à moi qui n’en par­le aucune.

Au bord du chemin, une citerne oubliée récite un vers, avec des yeux noirs qui sou­ti­en­nent la brume de l’hiver.

 

Journée grise de jan­vi­er. Un feu de bois et sa traîne s’allonge et s’attarde, comme une dernière voile avant que l’océan l’engloutisse.

Les feux d’une voiture sur­gis­sent. Ils s’approchent d’un feu qui brille. Redis : le campe­ment est pro­vi­soire, le fil se brisera.

 

 

111-

Nul besoin de gîte ! J’appartiens au fleuve, aux reflets de nuages, à la vie sur les berges qui résonne entre les montagnes.

Ma mémoire est dis­per­sée. Je laisse aux arbres et aux oiseaux le soin d’écrire ce qui ne s’écrit pas.

 

 

 

Inédit, extrait de “Par-dessus l’é­paule de Blaise Pas­cal

Titre pro­vi­soire

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MAISON

Par | 24 novembre 2012|Catégories : Blog|

 

J’ai vécu au bord de la ville
comme un lam­padaire dont personne
ne change les ampoules.
Les toiles d’araignées main­te­naient les murs
et la sueur seule nos paumes jointes.
Dans les recoins des pier­res mal raboutées,
je cachais mon ours en peluche
pour le sauver des mau­vais rêves.

Nuit et jour, je ravi­vais le seuil,
y retour­nant comme une abeille
qui revient sans cesse à la fleur d’avant.
La paix rég­nait quand j’ai quit­té la maison :

la pomme mor­due n’avait pas noir­ci et sur l’enveloppe
de la let­tre il y avait encore le tim­bre d’une vieille demeure abandonnée.

Depuis que je suis né, les espaces calmes m’attirent
et le vide, tou­jours, colle sous mes pas
comme une neige qui ne sait pas
si elle appar­tient à la terre ou au ciel.

 

                       Traduit par Vladimir Claude Fisera

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