Laid out flat
in the back of the sta­tion wag­on my father borrowed
I look up:
the leaves are immense,
green and gold­en with clear sum­mer light
break­ing through –
though I turn only my neck
I can see all of them
along this avenue that has no limits.

What does it matter
that I am only eyes
if I am to be carried
so lightly
under the trees of the world?
From beyond the numb­ness of my strange body
the wealth of the leaves
falls forever
into my small still watching.

 

 

Paralysie

Allongé à plat
à l’arrière du break que mon père a emprunté
je regarde en l’air :
les feuilles sont immenses,
vertes et dorées avec la claire lumière d’été
qui perce à travers –
bien que je ne tourne que le cou
je peux toutes les voir
le long de cette avenue sans limites.
Quelle importance
que je ne sois que regard
si je dois être transporté
si légèrement
sous les arbres du monde ?
De plus loin que l’en­gour­disse­ment de mon étrange corps
l’abondance des feuilles
tombe à jamais
dans le moi minus­cule qui regarde encore.

 

 

Tra­duc­tion en français : Mar­i­lyne Bertoncini

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