Je me lève à l’heure du chant du coq.
Je plonge dans une riv­ière de thé fumant.
J’avale de si grandes tartines marines.
Je sors les citernes pleines de ciel bleu.
Je relève des traces dans le jardin.
Ce sont les glis­sades des escar­gots et des limaces
Qui se la coulent douce dans les choux.
Je suis à la recherche des petits enfants.
Je me crève le cœur avec des amours mortes.
Je déplace ma cham­bre vers le nord.
Je rem­plis le tem­ple de mon corps,
Avec du lierre et des fleurs légères.
Les colonnes de mes os son­nent au petit matin.
Je m’amuse de la musique des sphères.
Elle entre par mes oreilles et sort par ma bouche.
On appelle cela chanter me dit la petite fille.
Je croise le fer faute de crois­er les routes.
Je bénis le pain de mie, le seigneur m’écoute-t-il ?
Je coupe, je tranche, je hache menu.
Le pain me monte à la tête jusqu’aux nues.
De leur per­choir, les oiseaux, du pain n’ont que des miettes.
Je me mouille, je me lave à l’eau vive.
La source n’aime pas ma peau de grenouille.
Le feu du rasoir embrase le lavabo.
Je polis, je roule, je ponce mes joues et mes douces oreilles.
Dans le nez, j’ai passé un os de poulet.
Je crie, je hurle, je hul­ule  la guerre et la paix.
 

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