Nuit I

 

            La parole, pas la guerre. La voix, pas les armes. Plus de bruit, mon âme est brisée. Plus de chemins à tra­vers les mon­tagnes de la haine et de la douleur. Que la neige ne s’ab­sente pas, que les pics et les pelles ne reten­tis­sent plus sur la terre et que cette terre ne dis­simule plus les vis­ages inno­cents. Que de silence nous avons même besoin après celui d’hi­er ! Que de cris, que de regards per­dus dans le vide de l’in­cer­tain ! Frère, que les paupières d’un enfant qui dort ne bat­tent plus. Que les murs des maisons ne réson­nent plus quand je m’ap­proche d’elles. Déjà le soir tombe. Déjà la nuit s’a­vance pressen­tant l’aube. Je ne veux plus con­tin­uer à enten­dre des voix ni des paroles de haine et de douleur. Frère, ami, si je m’en­dors, que les sirènes de la guerre ne reten­tis­sent plus. Mon Dieu, que de larmes fau­dra-t-il encore vers­er pour con­tin­uer à vivre !

 

 

Traduit de l’espagnol (Pérou) par Max Alhau

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