POUR TOI

Par | 13 septembre 2014|Catégories : Blog|

 

Ce n’est pas le matin, ce n’est pas le soir. C’est entre matin et soir. Un peu de matin, un peu de soir. De la corde, je ne vois que le bal­bu­tiement du linge. La main seule, et sus­pendue. Elle se bal­ance avec les ter­rass­es et leur chaux. Je vais sen­tir peut-être l’odeur de la main car elle est proche de celle de la chaux et sen­tir der­rière elle celle qui ne dort pas dans un lit. Rien qu’une main. Je verse du thé et la main ten­due tend le verre pour que les doigts touchent les doigts. La bague se noue à mes lèvres. Et je manque de m’asseoir dans le silence. Pourquoi la main, la bague, le verre ? Un chemin de la main à la main. Inci­dent entre main et main. La main a aban­don­né la lune hors de la cham­bre. Moi, je sens l’odeur du hen­né. Une branche fond dans ma voix. Un peu de main dans ma bouche ou sa bouche. Je livre la main pour qu’elle soit plus haute que ma poitrine. Le thé brûle. Le hen­né, la chaux. Ma tête est pais­i­ble sur terre. Je passe la main sur la main. La main sans livre parce qu’elle est main dans la main. Et la langue sur la peau. Elle tète pour ne pas dormir. Un peu de hen­né, un peu de gémisse­ment. La main qui tendait le verre ne l’a pas encore ren­du. Jeu pas­sion­nant. Le verre. Quand je me suis éten­du par terre, j’ai saisi une main et le verre est par­ti en flammes. Ma main sur la peau. Silence, langue, relâche­ment des organes. La poitrine se penche sans avoir l’air de se pencher. Un arbre tourne autour de moi. Piliers de mar­bre et nous sur une nat­te. Peau brune qui se dénude. Demi som­meil entre deux cités. Appel d’en-bas. Intense soulève­ment. De la terre jusqu’à la terre. Nul objet n’abandonne l’objet. Deux rav­ages. Ils s’ouvrent dans la tem­pête des choses. Se lais­sent, se ren­con­trent. Dans tous les sens. Rôle que j’avais oublié. Sur ma main ou sur la sienne. Vio­lence vos déchirures. Perte des organes. Entre un peu de matin, un peu de soir. Le verre vole en éclats. Hurlement. Maître du silence et maître du vide.

 

Le livre de l’amour, édi­tions Al Man­ar, Paris, 2007.

 

 

 

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Pour toi

Par | 6 avril 2014|Catégories : Blog|

 

Pour toi
Ce matin d’automne
Est le pre­mier jour
Du monde
Pour nous
Ce n’est pas une brume
Qui se lève
Mais un lac qui nous revient
En mémoire.

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