frot­ter les mots
c’est allumer le jour­nal intime du corps :

au bout des syllabes
mes ongles devi­en­nent des lames subtiles
qui s’enfoncent dans la langue
pour en extraire
le jus copieux du texte

ain­si, frot­ter les mots
c’est éveiller les fantômes
qui  glis­sent, sinueux,
par­mi  les dents,
entre les parois de la bouche
et les creux du cœur

là où la lumière demeure étrangère
et n’importe quel plafond
s’illumine avec des étoiles provisoires

 

extrait de UN CIEL PROVISOIRE 
 

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