trous

Par | 24 avril 2014|Catégories : Blog|

 

Je me réveille par­fois dans des trous d’âme
qu’au­cune médecine ne pour­rait panser
ni le sexe ni la mort ne seraient consolation
alors je  cherche dés­espéré­ment le vent
et résolument
m’a­vance dans les trous d’eaux

 

5 août 2012

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TROUS

Par | 10 mars 2013|Catégories : Blog|

 

Dans le sang froid du sans fond. Au sous-sol des nuances. Plus bas que le repaire de la langue, plus bas que les caves des mots, plus bas que les trous de la réal­ité urgente. Ce n’est ni facile à com­pren­dre, ni beau, ni impos­si­ble, ni de la bible, ni du porno, c’est plutôt bizarre et com­pliqué (voyelles et con­sonnes moisies à tra­vers des sen­ti­ments et des mots inter­dits) : ensuite, d’autres com­pli­ca­tions : la let­tre par­lée, les sons ampli­fiés, l’érection du cerveau dans le trou de la langue.

Beau­coup de gens con­fondent le début d’une pen­sée  avec la fin d’un  mot. Au plus bas dans le sans fin. Plus bas que la fin, plus bas que le début. Ce n’est pas per­mis, mais ça per­met de vivre le con­traire. Seul(e) à l’entrée de la… De la vie et de la mort des mots dans les cat­a­combes du dire.

Le mot se charge de la vie de la mort et de la mort de la vie. La vie des morts tire sur l’élastique du silence et ain­si de suite.

Beau­coup de gens frap­pent à la porte des mots avec une  image. Et à la porte des images avec un mot. Ora­teurs et imag­istes, la mort les rassem­ble tous, elle est une bal­ayeuse mécanique. Sauve qui peut !

Il y a un mot grandelet dans ma salive, qui se prend pour un sabli­er. Nuit et jour, du genre j’aime ce que je n’aime pas, je n’aime pas ce que j’aime, j’aime ce que je n’aime pas. Sable rem­plis­sant les trous des envies.

Au plus bas. Plus, plus bas que les gens vivants. Plus bas que les trous de la mémoire. Dans le plus bas. Des trous frou-frou, dan­ger et plaisir, des trous d’interdictions, des trous de la soif de la faim de luxe de la peur de l’âge, trous de la couche d’ozone, trous du temps exagéré, trous des extrous.

Un indi­vidu ou une famille d’individus a le droit de se creuser pen­dant la vie un trou et pen­dant la mort un autre, selon les règles bien con­nues de l’addition : 1+1=2, bien que cela ne fasse pas grand-chose. Le deux­ième trou est un tombeau dans lequel on laisse tomber un homme ou une femme ou leurs par­ents ou leurs enfants, et des larmes plus ou moins gross­es, plus ou moins salées et des mots con­for­mé­ment « à ».  La mort a du goût.

En tout cas (…).
Je passe d’un extrême à l’autre, telle l’extraction d’une dent sans l’anesthésie.

Des trous d’une mai­son à l’autre. Les trous sim­ples et gris, des gens sim­ples, gris. Ça dépend de ce qu’on veut faire ici.

Du point de vue de la mairie de ma ville natale, j’ai un trou enreg­istré, selon le mod­èle de tous les apparts de mon immeu­ble. L’addition de tous les trous voisins donne des infos sur les dépôts de vélos, dra­peaux nationaux, bérets com­mu­nistes, papiers poli­tiques, por­traits de fas­cistes, con­fi­ture, con­sti­tu­tions, chemis­es noires, cartes postales , de la part du prince rég­nant, le bâtard P., de la part du neveu A., du bon roi M., exilés  tous en Suisse, den­telles rouges, rats et cafards raf­finés, trous en ciment ou en terre, 2 x 2 = 4 m. Dans ces trous nul ne s’imagine l’espoir d’une lucarne. Ce qui compte c’est la petite porte, la clef à l’extérieur, douce­ment vers l’enfer. Les autres con­séquences ne sont point val­ables si on n’a aucune clef, aucune poignée. C’est vrai, la faute m’appartient, mais je ne regrette rien, j’y avance. Il y a des his­toires à bercer la mémoire et d’autres à la stim­uler. Mots qui s’ouvrent et se fer­ment automa­tique­ment et s’ouvrent une dernière fois, pour.

Mémoire ? Tresse de trois femmes : ma mémé, moi, nous trois (mémé – moi – mémoire), un trou illé­gal, mémoire, mémère – maman – moi, pro­tégées con­tre le mal, le mal­heur, le mal­fai­teur, au pluriel menaçant.

Je n’ai pas encore écrit mes mémoires, quoique j’en aie à reven­dre j’ai écrit des pam­phlets sur la saleté des gens sans mémoire, mais au pou­voir poli­tique. Sur la crasse des cap­i­tal­is­tescom­mu­nistes­so­cial­istes, sur l’amour sanglant de la poli­tique avec les peu­ples, sur la pau­vreté et les guer­res des pays entre lesquels je vis.

Les trous de l’amour poli­tique. Ça méta­mor­phose Cupi­don et inverse­ment. La poli­tique est éro­tique. L’érotisme fait de la poli­tique, au moins entre deux organes au pou­voir de la petite société. Tou­jours un truc à trouer, à intro­duire, à occuper.

Enfon­cer la mémoire affec­tive, bâtir autour du trou les nom­i­na­tions du monde.

Je ne triche pas. C’est le temps qui troue et vide les mots. Je suis son image illé­gale, sans droit, loi, peu­ple, prési­dent, etc (…). Je suis une clan­des­tine, et le monde en sera folle­ment amoureux.

Ce poème n’est pas encore clan­des­tin, mais celui qui attend dans mon ven­tre le sera. Un poème vit et cir­cule sans le poète, sans l’accord des gardes-fron­tière, sans amour, peur, douleur. La poésie c’est comme la pluie, elle fait ce qu’elle veut et autant qu’il faudra.

Je rêve à haute voix, en exilée. Quelque chose s’effiloche, se dis­sipe, s’épuise. C’est ma langue. On ne peut glos­er sur une langue avec des expres­sions qui n’ont rien à voir avec, soit-elle la langue d’une mégère.

Ici et là, des amoureux mor­cè­lent des tranch­es de langue de bœuf. Vont-ils bouf­fer cette langue dépliée sur eux ? Ils ne la  man­gent pas, ils la con­tem­plent seule­ment. Affamé, le poèmechien leur mon­tre ses crocs.

L’amour goûte à la folie de la mort, au lan­gage des morts, au (…). Mots d’amour, morts à cause des mots d’amour, dans le trou de la poésie le poème joue d’une femme nue et sage. Il lèche mes blessures, laisse sa salive s’égoutter dans mon sang, il s’arrange dans le trou, pousse vio­lem­ment mes formes à la sur­face et me lance en l’air. Ça donne des images à la Zola, mais ça va, dans chaque Zola se trou­ve un roman­tique sacrifié.

Il y a assez de gens qui n’aiment plus, mais qui veu­lent être aimés. Tous leurs mots d’amour sont du « par­ler amer-aigre-doux ». Il pousse et fleu­rit dans les céré­monies de la langue. Qui avec qui? Qui à cause de qui ? Au plus bas. Plus bas que le « jamais vu ».

P.S. : Toute égal­ité rend  libre la poésie.
Toute illé­gal­ité anoblit le mys­tère d’un poème !

 

 

 

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TROUS

Par | 26 octobre 2012|Catégories : Chroniques|

Dans le sang froid du sans fond. Au sous-sol des nuances. Plus bas que le repaire de la langue, plus bas que les caves des mots, plus bas que les trous de la réal­ité urgente. Ce n’est ni facile à com­pren­dre, ni beau, ni impos­si­ble, ni de la bible, ni du porno, c’est plutôt bizarre et com­pliqué (voyelles et con­sonnes moisies à tra­vers des sen­ti­ments et des mots inter­dits) : ensuite, d’autres com­pli­ca­tions : la let­tre par­lée, les sons ampli­fiés, l’érection du cerveau dans le trou de la langue.

Beau­coup de gens con­fondent le début d’une pen­sée  avec la fin d’un  mot. Au plus bas dans le sans fin. Plus bas que la fin, plus bas que le début. Ce n’est pas per­mis, mais ça per­met de vivre le con­traire. Seul(e) à l’entrée de la… De la vie et de la mort des mots dans les cat­a­combes du dire.

Le mot se charge de la vie de la mort et de la mort de la vie. La vie des morts tire sur l’élastique du silence et ain­si de suite.

Beau­coup de gens frap­pent à la porte des mots avec une  image. Et à la porte des images avec un mot. Ora­teurs et imag­istes, la mort les rassem­ble tous, elle est une bal­ayeuse mécanique. Sauve qui peut !

Il y a un mot grandelet dans ma salive, qui se prend pour un sabli­er. Nuit et jour, du genre j’aime ce que je n’aime pas, je n’aime pas ce que j’aime, j’aime ce que je n’aime pas. Sable rem­plis­sant les trous des envies.

Au plus bas. Plus, plus bas que les gens vivants. Plus bas que les trous de la mémoire. Dans le plus bas. Des trous frou-frou, dan­ger et plaisir, des trous d’interdictions, des trous de la soif de la faim de luxe de la peur de l’âge, trous de la couche d’ozone, trous du temps exagéré, trous des extrous.

Un indi­vidu ou une famille d’individus a le droit de se creuser pen­dant la vie un trou et pen­dant la mort un autre, selon les règles bien con­nues de l’addition : 1+1=2, bien que cela ne fasse pas grand-chose. Le deux­ième trou est un tombeau dans lequel on laisse tomber un homme ou une femme ou leurs par­ents ou leurs enfants, et des larmes plus ou moins gross­es, plus ou moins salées et des mots con­for­mé­ment « à ».  La mort a du goût.

En tout cas (…).

Je passe d’un extrême à l’autre, telle l’extraction d’une dent sans l’anesthésie.

Des trous d’une mai­son à l’autre. Les trous sim­ples et gris, des gens sim­ples, gris. Ça dépend de ce qu’on veut faire ici.

Du point de vue de la mairie de ma ville natale, j’ai un trou enreg­istré, selon le mod­èle de tous les apparts de mon immeu­ble. L’addition de tous les trous voisins donne des infos sur les dépôts de vélos, dra­peaux nationaux, bérets com­mu­nistes, papiers poli­tiques, por­traits de fas­cistes, con­fi­ture, con­sti­tu­tions, chemis­es noires, cartes postales , de la part du prince rég­nant, le bâtard P., de la part du neveu A., du bon roi M., exilés  tous en Suisse, den­telles rouges, rats et cafards raf­finés, trous en ciment ou en terre, 2 x 2 = 4 m. Dans ces trous nul ne s’imagine l’espoir d’une lucarne. Ce qui compte c’est la petite porte, la clef à l’extérieur, douce­ment vers l’enfer. Les autres con­séquences ne sont point val­ables si on n’a aucune clef, aucune poignée. C’est vrai, la faute m’appartient, mais je ne regrette rien, j’y avance. Il y a des his­toires à bercer la mémoire et d’autres à la stim­uler. Mots qui s’ouvrent et se fer­ment automa­tique­ment et s’ouvrent une dernière fois, pour.

Mémoire ? Tresse de trois femmes : ma mémé, moi, nous trois (mémé – moi – mémoire), un trou illé­gal, mémoire, mémère – maman – moi, pro­tégées con­tre le mal, le mal­heur, le mal­fai­teur, au pluriel menaçant.

Je n’ai pas encore écrit mes mémoires, quoique j’en aie à reven­dre) j’ai écrit des pam­phlets sur la saleté des gens sans mémoire, mais au pou­voir poli­tique. Sur la crasse des cap­i­tal­is­tescom­mu­nistes­so­cial­istes, sur l’amour sanglant de la poli­tique avec les peu­ples, sur la pau­vreté et les guer­res des pays entre lesquels je vis.

Les trous de l’amour poli­tique. Ça méta­mor­phose Cupi­don et inverse­ment. La poli­tique est éro­tique. L’érotisme fait de la poli­tique, au moins entre deux organes au pou­voir de la petite société. Tou­jours un truc à trouer, à intro­duire, à occuper.

Enfon­cer la mémoire affec­tive, bâtir autour du trou les nom­i­na­tions du monde.

Je ne triche pas. C’est le temps qui troue et vide les mots. Je suis son image illé­gale, sans droit, loi, peu­ple, prési­dent, etc (…). Je suis une clan­des­tine, et le monde en sera folle­ment amoureux.

Ce poème n’est pas encore clan­des­tin, mais celui qui attend dans mon ven­tre le sera. Un poème vit et cir­cule sans le poète, sans l’accord des gardes-fron­tière, sans amour, peur, douleur. La poésie c’est comme la pluie, elle fait ce qu’elle veut et autant qu’il faudra.

Je rêve à haute voix, en exilée. Quelque chose s’effiloche, se dis­sipe, s’épuise. C’est ma langue. On ne peut glos­er sur une langue avec des expres­sions qui n’ont rien à voir avec, soit-elle la langue d’une mégère.

Ici et là, des amoureux mor­cè­lent des tranch­es de langue de bœuf. Vont-ils  bouf­fer cette langue dépliée sur eux ? Ils ne la  man­gent pas, ils la con­tem­plent seule­ment. Affamé, le poèmechien leur mon­tre ses crocs.

L’amour goûte à la folie de la mort, au lan­gage des morts, au (…). Mots d’amour, morts à cause des mots d’amour, dans le trou de la poésie le poème joue d’une femme nue et sage. Il lèche mes blessures, laisse sa salive s’égoutter dans mon sang, il s’arrange dans le trou, pousse vio­lem­ment mes formes à la sur­face et me lance en l’air. Ça donne des images à la Zola, mais ça va, dans chaque Zola se trou­ve un roman­tique sacrifié.

Il y a assez de gens qui n’aiment plus, mais qui veu­lent être aimés. Tous leurs mots d’amour sont du « par­ler amer-aigre-doux ». Il pousse et fleu­rit dans les céré­monies de la langue. Qui avec qui ? Qui à cause de qui ? Au plus bas. Plus bas que le « jamais vu ».

 

P.S. : Toute égal­ité rend  libre la poésie.
Toute illé­gal­ité anoblit le mys­tère d’un poème !

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