“Ona” c’est “elle”
en polonais
elle a qua­tre mois
c’est ta petite sœur
sous la hache nazie 

ta vie pendouille
en deux parties
avant après
la pen­sée visqueuse
tranch­er le cou
d’un poulet
est-il difficile

flammes du ghetto
les étoiles tombent
les derniers vrais rires
du monde fondent

sil­lon des charettes
des enfants légers
comme des nuages
il n’y a plus d’arbres
plus d’oiseaux
plus de champs
des mirages de soleil
des fleurs de cauchemar

hier par terre
des débris de verre
comme un pigeon écrasé
plus de chair
plus d’os
des plumes plates
translucides
plus personne 

coupe les racines
coupe les ailes
coupe les mains tendues
coupe l’espoir
et même le désespoir

quel mal
ont-ils fait
pour cess­er d’être
dans ces histoires
à mourir
à manger des pierres
jusqu’à la poussière

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