Le matin don­nait sa brume, l’été sa voix la plus muette et les corps, dedans, nageaient mécanique­ment dans une fraîcheur fiévreuse. Des paroles entourées de linges pas­saient d’une bouche à l’autre, lente­ment, comme un fruit ou une cig­a­rette et, tan­dis que l’ombre lais­sait son silence s’effacer sous l’archet, la mémoire me reve­nait. Je voy­ais ma vie comme elle avait tou­jours été, sans com­men­taire pos­si­ble, sans juge­ment, paysage de pier­res et d’hommes au soleil, étranger dans son inté­gral­ité à ce bout de route obscure, humide et lux­ueux comme rien d’autre, qui venait de me renvoyer.

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