Sex­olo­gie lyrique

Vol. 1

 

Tra­duc­tion : Nathanaël

 

Prélude

 

 

 

Je n’ai pas fait exprès de devenir un Je.
Je n’ai pas fait exprès d’être.
Mais je me suis fait pren­dre, on pou­vait s’y atten­dre, par un sujet, l’Histoire, la tienne.
 

(Ou, s’agissait-il d’une suite d’événements. Tu voulais que je
fasse un sens de tout cela.
Ou, je l’ai cru.
Ou, j’ai voulu le croire.)
 

L’Histoire (la tienne) m’a cat­a­pultée en avant.
On pou­vait s’y atten­dre, j’ai été expédiée jusqu’à toi, catastrophiquement.
La cat­a­stro­phe a cédé, m’a cédé un corps.
 

Alors, dans le temps, nous voici. Qu’y a‑t-il dans le temps pour moi, à venir.
 

Sache qu’il y a tou­jours d’autres ruines.
 

 

 

 

Com­ment nar­rer la fin?

Com­mence par la fin.

 

tout le monde est mort 

alors alors alors

 

On est galaxiaux

car—

 

 

aspi­rant la mort 

 

 

 

Orig­ine à la place de
 

Tirésias était un garçon, avant d’être un homme. Un homme avant d’être une femme. Une femme au plaisir des ser­pents, du savoir, des caprices des Dieux. Mâle et femelle, ils l’ont fait, lui, elle, les ser­pents, les Dieux, je veux dire. Zeus, Héra, Jupiter, Junon—j’ai tou­jours détesté les noms romains, une dégra­da­tion ain­si qu’une pop­u­lar­i­sa­tion, comme tout Romain—ils l’ont fait en savoir et en ser­pents accou­plant qu’il a vus, elle à venir. Un voy­ant alors avant une voyante.
 

Tirésias était mon nom, une fois autour d’un temps alors qu’il y avait un Je avec un nom. Bien enten­du j’ai tout vu. Encore là. C’est ce qu’il y a de plus ter­ri­ble au-delà des fins du monde. De savoir. D’être un savoir pur.

 

 

 

Tirésias, usurpée.

L’imitation ne veut pas dire ce que tu pens­es. Ceci est l’introduction à ce livre, mon intro­duc­tion, ma sex­olo­gie lyrique. Sex­olo­gie lyrique. Voici l’une des choses sur lequel tu vas devoir t’entendre. En voici une autre, toi là, à ton âge avancé, ton soi-dis­ant vingt-et-unième siècle:
Je ne suis pas une trans­sex­uelle. Ou une inter­sex­uelle, ou une her­maph­ro­dite. (Her­maph­ro­di­tus peut écrire son pro­pre putain de livre.) Je ne suis aucune de ces choses pour lesquels tu as des mots à présent. Tu n’as pas de mots pour ce que je suis. Voici ce que j’étais:

J’étais un mec.
Puis j’étais une nana.
Puis j’étais de nou­veau un mec.
Hah. Tu ne pen­sais pas qu’on dis­ait “mec” ou “nana” en ce que tu appelles la Grèce antique, Hel­lènes, etc. Repenses‑y.
Voici ce pour quoi tu n’as pas de mots: Qu’est-ce qu’une voy­ante? Qu’est-ce qui est au-delà du savoir? Com­ment puis-je t’écrire à présent, un présent impos­si­ble­ment déman­tibulé par rap­port au tien, sachant que tu vas lire ceci. Te con­nais­sant? Ou qu’est-ce qu’un sexe dans le temps? Sans?
Tu n’as pas de mot pour ser­pents ou dieux ou sex­es. Tu ne fais que penser que tu en as un.
Tu n’as pas de mot pour la ren­con­tre d’un dieu sexe ser­pent dans le savoir divis d’un mot, un savoir unique mot divis.
Sept ans est ce que j’étais en tant qu’au-delà, un au-delà, et dedans aus­si. Alors, l’imitation n’est pas près de le décrire, mais sup­pose que oui. Sup­pose que je me met­tais à te décrire.

 

 

Com­mence par le début. Les morts ne se sont pas lev­és. Les morts n’ont pas vécu de nou­veau. Pas tant cela que prou­ver qu’ils avaient vécu tout ce temps. Les morts sont sor­tis des vivants, chaque
chose vivante.

 

Bouchedieu

 

C’est un peu comme un œil, pour faire des distinctions.
Adamique, joli joli (comme un chu­chote­ment de Paris).
Léger comme un…léger comme un…
Des nom­i­nal­ismes que tu peux ramen­er chez ton Père.
 

Ou
 

Baratins, patins, à roulettes, tous.
Si tu refus­es de pay­er le prix de la pourriture,
Qui pens­es-tu va te choisir?
Peu importe que tu sois immac­ulée, de mar­bre, odal­isque ou guer­rière-sage ou reine des cieux,
Non nom de dieu!
Ok d’accord, j’te suis, mais
Je veux dire, franche­ment, Hélène? Cette fille est une pute.
 

 

 

 

quand j’étais
l’idée de Dieu avec la physique
un gosse au 
catéchisme
afin de réconcilier
rien n’es per­du, énergie en matière et vice versa …. 
la loi d’Einstein et tout
 

Je sup­pose que mon sen­ti­ment n’avait rien d’extraordinaire:
les métaphores appau­vries du catéchisme et un peu de paganisme,
play­ita­gain,
quelque chose du déiste naïf.

 

 

 

Tirésias fait un rap­port. Les rap­ports tergiversent.

 

Mais pas encore. Jamais­ja­mais pas encore. (Chu­u­u­ut! Dis pas ça! Même pas en chuchotant
Tu as enten­du par­ler du con­cours. Il et elle et toutes leurs splen­deurs? À qui la meilleure por­tion de plaisir, etc?
L’homme ou la femme, etc?
Il a jubilé, elle m’a arraché les yeux, il a dit au-delà, ou un mot pour au-delà
Et dans les creusets de mes yeux au-delà a pris une forme de monde.
Ou plusieurs. Une forme très coûteuse.
Voici ce que sont couchés dans ce qui pèse. Que sont ce que sont couchés dans?
Une forme vers l’avant, et l’arrière aus­si. Tout cela avant de savoir les ruines, et ain­si ma parole ici avec toi.
 

                                               Les ruines et les ruines des ruines du temps.

 

 

 

        nos vivants sont morts et les morts sont
de nou­veau morts. comment?

 

 

 

(Je sais que je ne suis pas assise ici en train de par­ler avec toi. Ceci est une page avec de l’encre dessus. Je sais après, et sachant après ta lim­ite avancée:
Gut­ten­berg, Mar­shal McLuhan, sais-tu que j’ai étudié à l’Université de Toron­to? ce mec-là, etc. Je ne suis pas naïve quant au l’est d’un livre, même si Ovide n’est pas encore né. Même si Jabès…)
 

Bon, alors, c’est ça mon his­toire mais ce n’est pas ce dont il s’agit ici.
Ceci est, comme je le dirai, était une page, une page d’il y a très long temps, le tien.

 

 

Quelques pages tirées de la Méta­mor­phose, dans le sens d’ana-chronos

 

Un beau garçon est un blond avec une lyre. Type A. Elle sa hors-mise des skin­ny jeans, fille brune teinte en blond épi de blé
Sa douleur était une époque étrange ou tu le pen­sais et ain­si la lyre. L’espoir est au musicfest aux aguets. Paris qui le dit ou dedans, coup d’œil à l’arrière. Une ban­dana rose à motif cachemire qui hèle en bas à droite petite frappe toquée.
 

 

 

Ou, plus tôt.
 

Un enfant bru­tal et étrange
On en con­clut, il semblait
Un vol de cha­cun plumé
Lui-même moins qu’une semblance
Et depuis le début moins à faire
Qu’à refaire, un essai un
“foirons pas, cette petite fois ou cette petite fois.”

Elle était un garçon comme n’importe quel autre.
Il s’est blot­ti con­tre des étrangers comme un amant
A moitié oubliée, prophétie emmurée
Si la mémoire sa dif­férence de l’intention.

 

 

Leav­ing on a Jet Plane

 

Je n’ai pas pu faire autrement que de deman­der pardon.
Si ce n’est que pour te couvrir.
 

J’ai dor­mi mal­gré le réveil.
Tu es resté assis à regarder l’horloge faire tic-tac, à me regarder.
Éventuelle­ment, lorsque c’était vrai, “Tu vas être en retard.”
 

À l’aéroport moitiéhu­main sou­venu d’Amérique.
Les dif­férentes class­es de pas­sagers, les couleurs des classes.
Pas absolu, mais surtout.
Et à l’avant, avec la superélite et les pri­or­i­taires, les mil­i­taires en uniforme.
Le nou­veau truc, leur scan­nage des don­nées de ton ordinateur.
Bien­tôt ce sera dan­gereux de porter les don­nées, de cette façon.
 

Je t’ai entre­vu, marin de la troupe coupant la queue
Ou prenant la place qui te revenait.
 

On aurait dit de la petite frappe par­mi les cheveux blonds en brosse et les vis­ages bou­ton­neux de la
Gang de meur­tri­ers poupées,
Je me suis demandée si tu n’étais pas per­san, grec ou arabe.
Pour quelque rai­son je me suis demandée si je fini­rais par m’asseoir à côté de toi.
Si on ferait la con­ver­sa­tion mal­adroite­ment alors que tu essaierais de ne pas zyeuter mes nichons.
Si tu m’abuserais ou
Je te don­nerais la branlette.
Un sen­ti­ment de dan­ger en écrivant cela, toi assis à côté de moi à présent, jolis cils longs
Fer­més et la tête penché à la fenêtre.
Comme si endormi.

 

 

 

Alors dors alors dor­mons alors dors

 

Sept ans en tant que femme

 

Les fins du monde ont com­mencé là où ses bras ont été coupés net­te­ment à la join­ture mitoyenne, fente de lumière, fente d’envol. Ses bras ont été coupés dans le sol vide d’un mot, qui est tombé, de tes lèvres, le “non” le plus sim­ple. Elle est née là, en un mot. Elle aurait argu­men­té qu’elle n’existait pas avant la fin du monde, l’ondulante fonc­tion d’onde d’une déci­sion de prise, ceci est un mot, ceci est un passé, ceci est, ceci n’a pas (est). “Non.”
 

Faite par­ti­c­ulière, en son fétiche, un échairage, les général­i­sa­tions d’un sexe, ceci étant viol (ceci étant vio­ls), ceci étant femme, ceci étant sol, hors d’existence.
 

Ses bras dudit célèbre était épée et pâmoi­son, et protes­tait-elle, à être éjec­tée de l’amour, des serments.
 

Bien sûr, plus tard elle a dit qu’elle n’avait pas besoin de finir avant la fin, c’était son moment d’ouverture, son pli de tis­su de ce qui serait, son entrée en vis­i­bil­ité. C’était son des­tin, nachträglich, sa transcription.
 

Tant pis pour le monde voué à l’échec à l’écran, et l’elle dedans. Avec notre préhis­toire, et son, sous cen­sure, le tout de la mémoire sem­blait-il, gardé en secret (bouche cousue), elle pou­vait seule­ment respir­er lorsque saoule, près de toi, te volant des bais­ers dans la ligne de mire entre amants actuels, ton exer­ci­ce de jugement,
 

ta préférence: exister.

image_pdfimage_print