soleil levant I
de l’eau luisante jusqu’aux cuisses de la nuit jusqu’aux pupilles
que découpera l’aruspice aujourd’hui qui n’est ni or ni noir
que profère la pythie aujourd’hui — ni le noir ni l’espoir
droite solitude que tu ouvres porte étrange irréversible
ce qui coule entre nos cils entre tes doigts entre les jours jaillit de la question qui nous brûle les lèvres
tu marches et cours nous roulons parmi les fresques de varech
yeux paume et baiser se divisant ouvrent l’aube bleue
à mi-corps dans le soleil humide dans le ventre de la mer incendiée
les nuages déferlent la lumière sur la terre bleutée sur la terre affolante
soleil levant II
la nuit noire la brèche chaude des phares
nous roulons vers une voile qui bat là-bas
la musique on dirait murmure comme des paroles comme de loin
nous embrassons la terre et le temps justesse justice
cueille et recueil se touchent
je buvais vos paroles je plongeais dans vos yeux le vide se faisant autour de la bouche et des yeux nous fûmes des contre-squelettes absolus ne tenant que par l’extinguible alors des lèvres aux chevilles nous nous sommes découverts et léchés de feu
nous passerons la nuit
la salve de nos vertèbres éclate là-bas
le jour boit au noir de la nuit qui l’allume
nous touchons au jour
dans l’éboulis ébloui de la nuit l’aube éclôt au creux de nos doigts divisés
et notre paupière bat comme ce nuage brûlant
ajourées