Pensant aux sténopés de la photographe mexicaine Anabel Serna Montoya
Pluie de flics italiens
Lui demandant
Face à Saint-Pierre
S’il s’agit
D’arme terroriste
« Non pas d’une arme »
Répond-elle dans un espagnol taquin
Ne sachant trop qu’enseigner à ces pitres
Car son terrorisme est ailleurs
Est plié dans la peau de bois
De cette âme archaïque
Sans puce ou chromes
Ou prouesse intrépide
De l’écran tactile
Mais elle a mis ceci dit un nœud rose
A sa boîte artisane
Et longtemps s’est peignée ce soir
A rehaussé ses yeux coquins
Il faut dire qu’elle a rendez-vous
Au bord du Tibre
Avec l’attente
Les Romains songent et voient ce corps
Si longuement penché
Une heure ou deux durant
Ou plus ou huit
Interprétant
Le sens à donner à cette âme
Ainsi recourbée sur du bois
Et s’offrant
Au fleuve
En retrait
De la glissade
Du pouls du trop de tout
Courant
De la fanfare zélée des tours
Des jours
Et des écrans
« Stenopeica »
Murmure-t-elle
Allégée calmement
De ce fatras
Le fleuve est seul
Et vieux
Il en a vu couler bien d’autres décadences
Et sait
Dans la nuit
Honorer
Cette magie
De son combat
Plus doux
Plus beau
Plus lent
Se fait
S’épice d’étincelles
En écho à
Sa peur des lièvres
En réticence solidaire au
Flash hurlant
Vœu commun de lutter pour rire encore
Et clamer que le rêve est sauf
Intact et dort au fond
De la cámara oscura
Comme d’une carapace sacrée
Où l’on peut mépriser leur course encore
Et lauriers cons
Railler le vainqueur et l’issue
Et feu de tout bois
Feu
Contre l’assaut de leurs parloirs
Haut-débit
Débordants
Longuement
Vaguement
Le sténopé
Imprime
Sur la peau de ce fleuve-nuit
Et la pellicule en retard
Les longs sourcils de cette mort
En jupe
Enfin
Cette mort assagie
Que l’œil aurait pris le temps
Seulement
Le temps
De réapprendre à regarder
Là-bas
Sans crainte
Nu
Silencieux
Bord de ce
Lent Tibre de sténopé
A mesure
S’immobilisant
Rome, le 22 décembre 2012