Je ne suis pas entré dans ce monde
je n’ai pas été don­né du dedans
je suis mon­té de l’ermitage de pierre de louange
à celui d’esprit de papier
arche de lumière de mésanges de safran et de pain brisé.

J’ai du silence à reven­dre je ne cède pas sur un sou
je ne couds pas pour les morts vision réduite pon­tons de biais
je m’assieds sur la route sorte de transe par là je vais
je  bouge sans dire le pied dans l’eau coule ver­moulu alentour.

Je marche lent fran­chis les portes rends une pièce sonne la cloche
le câble je l’avale par le nœud je dis mes seins colonnes transparences
mes coups mes combes mes coqueli­cots je les con­tourne par le col
et j’ai ma verge en gouvernail.

J’entends les racines pouss­er je les vois gliss­er dans le sol
recours en silence au som­meil pilules stérilets les condoms
les cordes l’accident l’assistance la systole
la police est au ven­tre ma tête c’est du vent
devant le feu le sable est plus chaud que mon père.

Axe du hoquet dans la nuit
petite prière je plonge hiver
ma moque ma maman et mes morves 
je serre Willy je serre Mimi je pleure sur Pierre
je suis très sale mais j’ai ton nom
pour sur­vivre l’angle d’une valise
trois télé­phones une bougie et mon per­mis de détruire.

 

La peluche et le pouce te suiv­ent ma salive
une veine per­cée ça fait mal mais c’est bon
goutte à goutte hôpi­tal j’ai peu de chances de partir
corseter le corps à la neige léch­er les lanières de glace
au poignet un ruban de plas­tique qua­tre chiffres
sceller un sabot aux semelles
je peux trot­ter ani­mal men­tal me perdre
cou­vrir de paille tes yeux caves
et de ter­reau mes deux oreilles

Le vieux der­rière la fenêtre a un regard aigri
le mate­las me suf­fit les bêtes sont amies
tor­ti­co­l­is au cœur j’ai un tour­nis sparadrap au nombril
un can­cer ma sœur ça va très vite dans l’estomac
pronos­tic de la sève : un peu trop vif pour le scalpel
encore trop vivant pour l’aval je n’en fais pas une maladie.

Sin­gulière cabane de l’e­sprit car­reaux cassés toit déplacé
dans le silence je dis descen­dre des mur­mures dans le monde
les dos­es de gel le Xanax et l’Haldol
cela ce n’est pas pour rire
j’ai souf­fert ni du bien ni du mal mais de ton corps
j’accomode un repère la voix du même
de mes besoins je fais une fête
aux fibres je préfère le foin et les myrtilles
les bich­es les faons aux cabri­oles de ta présence
il est 7 heures.

 

 

 

L’oiseau m’anime dans le ciel je te le donne
Plomb ver­di pour les bus­es renards lavés dans les taillis
ma main ter­ri­toire pour la fièvre je te la gomme
tes ais­selles tes cernes tu les contrôles
mets moi pour quitte une pièce aux chagnottes
ton poids est pour le shop­ping ou la gym.

Lier les blocs dans la rivière
les glaces les séracs la lumière
le savon gliss­er sur la pente
cail­lots de sang cousu au corps
me douch­er nu der­rière la grange
le courant froid droit dans le cœur
à la fontaine frot­ter la fente sur la pierre
me rou­gir le sexe à la sente le ven­tre à ta tumeur
me polir les pieds sur les planches
escar­res la bête la chanter là
entre les côtes ser­rer tes doigts
ton ven­tre peut con­tenir pas ton enfant
tu lis trop de romans con­sommes trop d’images
tu as peur je le vois dans ton corps
à part cela on se ressemble.

Accouch­er l’entier dans le ventre
De sous décom­bres trou­ver la pelle le plan
odeur de trèfles de luzernes beignets et bricelets de pommes
le cochon saigne dans l’étable
je suis vie vive je serais os vache ou bien mère mais pas ta chose
Je ne suis pas entré dans ton monde
je ne suis pas né du dedans
je peux crois­er mes veines te dire bon­jour en évidant
te sourire si tu veux par­le dedans.

 

 

Je me baigne dans un fleuve puissant
je nage dessous c’est bon
je suis sor­ti de l’hôpital à sept heure vingt 
ai fil­tré les frag­ments les grumeaux les gloussements
délais­sé fers feux peaux pansements
la ferme ! ma famille l’internat
l’infirmière est mon corps
sa parole est un prêt de sueur d’intérêt
dis tu te sens comment ?

Très loin de la mai­son maintenant
je fais de larmes mon couchant
je touche des têtes des trappes portes ouvertes sur les troncs
je ne soigne pas j’écoute entasse des tuiles froides
j’allume la poix le papi­er et la colle la palissade
cen­dre feu de bois
tout col­lé con­tre tout col­lé comme
je cherche la forme dans la fumée.

Le kirsch et le tabac me brû­lent les dents 
le moteur du tracteur tourne en toussant
cette parole me pos­sède alors je tais
dans la souche la gorge le terrier
j’enfile la main ren­tre profond
limaces escar­gots vers de terre il y a l’humide du plaisir
des ten­tac­ules de la langue saisir la  racine au désir
pen­dant que la peur me prend plus bas qu’au ventre.

Dans la prairie je couche mon nom
sur les prés à l’oeil les tour­nesols clig­nent des feuilles
je dis viens donc chèvre si Dieu le veut et si mon corps
vole pour tes yeux une paire de bottes de gants de sabots et de clés
qui te con­ti­en­nent qui font mal.

Je ne plonge plus n’avale plus la tasse
ne joue plus à faire sens
je me vois beau­coup plus puis­sant ailleurs déjà
j’enlève mon pan­talon… et le soleil…

 

Par le milieu je peux tout quitter
par le cen­tre fauss­er les courants
mes abouliques mes nar­cis­siques mes ten­dances fortes
mon Alzheimer d’échouer
je vais pou­voir m’y adoss­er et rebondir
toi tu t’en vas aux coups de trique te fracasser
sab­o­tage du lac : la vague vers le bas
au désir destruc­tif pren­dre la douche et te poudrer.

L’apnée la fièvre l’hôpital
DSM IV une camisole
les lim­ites à ne pas franchir l’allonge du devenir
je peux vouloir de toi dans mon sourire
vouloir te voir dans la sciure
sur ton respire et dans mon corps
tes hic tes tocs tes manies
je le fais ou bien pas ?

Le doute : pains de sutures et de ressorts
c’est clair que ça fait mal
je fini­rai par ressor­tir sur l’autre bord
et coudre une pive sur tes lèvres.

Je suis absent pour le rapport
aux urgences ils me met­tent à plat
une place disponible pour comprendre
mais ces poumons ce sont les miens
ces pieds ce cœur un cri d’enfant
ces os ce ven­tre mon vagin
cette découpe mise sur mon corps.

Et le passe­port et la frontière
et la voiture et ta promesse
et ton silence c’est pour toi même
c’était du vent, un pas de trop ?

Je pars d’en bas de l’inertie
de l’infertile pour faire du miel
porte du pis­til sur mes poils
main­tenant je nais je vagis et je jouis
Nietschze Slo­ter­d­jik pour résine dans mes reins.

Je serais mon père personnel
je serais ma mère paternelle
de la cen­dre des sels
je ne serais rien.

Je peux dire amen Saint Thomas et Saint pierre Paul
Vends-moi ton douanier intérieur ton flic intime
un nou­veau corps pour faire transport
une cou­ver­ture ma mère mendie je veux en vivre
mon pan­talon roulé aux chevilles me sup­porte jusqu’en bas
c’est beau­coup de pro­fondeur trop de volumes
des bulles froides des trous d’air
c’est l’entrée dans la mort déjà
un sens unique.

La bêche attend au potager
ce n’est pas moi qui ai les clés toi tu attends
la télé tou­jours allumée
je reste dans la maison
tu rem­plis deux bidons de lait
d’essence soigneusement
la hache le tas de bûche tu com­prends maintenant ?

Je souf­fle fort sur mes doigts
fige un sourire et me ras­sois je reste assis et tu attends
mur­mures dès lors viens vers viens dans
rasoir pour per­dre encore tu es trop grand
je ne te demande ni avis ni effort mais sors s’il te plaît
cette bête de toi MAINTENANT !

Tu peux dire oui  tu peux dire non descen­dre sur les voies
dire mort-enfance-vision si ça te va
trois pilules fortes pour dormir petit tour merdique sur la piste
ce qui compte c’est ta croix ta voix ton avenir et la craie

Je peux vivre dans la pauvreté
la pétrir dans le monde mendi­er mon pain
met­tre des graines sur ton sein moudre une moisson
louer tes pieds nus sur le seuil pour les cor­beaux et les corneilles
boire du pét­role à la lam­pée et du cham­pagne dans les champs
en ren­vers­er trois bouteilles ça sent encore le purin.

Je peux finir je peux saign­er mourir encore discrètement
je peux dégoulin­er de gras te dire bye-bye hon­ey bye bye
décor­er de guir­lan­des les faîtes
des hêtres de fleurs tout côté droit

Per­son­ne pour voir les portées des chamois
la charge des pier­res des prières
ton corps au bord si proche du ciel devant toi
tu dis mon frère si tu te tais je reprendrai langue avec toi
ce vieux dia­logue d’avant ta voix.

Toi tu rigoles tu te crois seule
tu te crois libre sous ta corde.

J’aimerais t’entendre 
ne plus jamais les voir
ta peur ton lent ton pro­fond tremblement
une mise à nu de la colline
seule ta bête…

J’aimerais être vif seul faire ronde
être dans la paix t’éveiller
J’aimerais être ombre m’attacher à ton don
devenir invis­i­ble t’élever par le songe.

A la poste pour la drague der­rière les camions
Il faut que cela soit très sim­ple que ça aille vite dans les cageots
dans l’emballage des jour­naux une pièce de viande
pour dix balles appa­raître au bord d’une photo
renon­cer à l’enfance un mau­vais film c’est dans ma bouche seulement.

Surtout pas crois­er la souffrance
surtout pas prison l’hôpital
l’ego : ta pomme

Tes mains sont bonnes toutes les voies 
tes bibles tes bijoux ton intime
tes règles sèch­es un bancs en ruine
pertes et man­ques ta fausse-couche devant la Mat’

Mon car­net vide la nuit je mange seul
recou­vre le repas remonte mon training
ral­longe les reta­bles ma mas­tur­ba­tion me désole.

J’aimerais sans bruit décompenser
entr­er dans la vraie nudité
livr­er la voix et la lumière
prier alors peut être que l’os ?

Etre une miette fine et sans bruit
pren­dre racine dans ta gorge comme un atome
dans tout ton corps devenir une tige
chang­er en pollen ta robe.

Par­ler aux ours dormir au sol
pren­dre appui au silence
ruser avec les forces ce n’est pas per­dre ou disparaître
que de vouloir être ta colle.

J’aimerais m’accoucher dans ton ven­tre de ma moitié
J’aimerais ne pas les fissurer
mes mem­bres mes morceaux mes moineaux
amas de mues mes asphyxies
les press­er faire rigoles.

J’aimerais louer les pins noircis
bouleaux lavés toges mal choisies
t’écouter toi brûler brais­es et boutures
bête silen­cieuse dans les bois
quand tu bais­eras la couverture.

J’aimerais tor­dre l’écorce des troncs
les oiseaux nichés dans les roches
par l’appeau du regard lavé
j’aimerais tes seins un simulacre
les laver au nom du baptême
l’agneau de messe press­er le sang pour la lessive.

Je suis seul je ploie
j’affronte la fenêtre sur le parc
dans ma vil­la les séquoias
je dors seul les machines sont ma vie
les losanges bleus des car­rés blancs et les groseilles
mon tube res­pi­ra­toire est ma voie
papy donne son aval à Exit.

Je te par­le dans ta main voy­age seul
me mouche dans ta paume m’assois en ton nom
coc­cinelle c’est pour ton bien 
j’entre dans le monde par ton corps.

Ma vertèbre c’est une solitude
par là je peux sor­tir ne pas me tordre
m’en aller par le haut
pacte formel recon­naître la défaite
tout peut recom­mencer main­tenant c’est clair.

Je mange la paille les petits clous
Dormir au sol ce n’est ni per­dre ni disparaître
l’amour la pierre cuis pommes de terre et saindoux
douze dragées couleur de fer dans un four mat
l’insomnie enrobée de suc et sirop dans la poëlle. 

Je tiens mes fers devant les murs de l’hôpital
je les peins fess­es et puis gros sexe
tous les jours où bonne nuit je fus au retour des bouvreuils
par la crise des migraines hors d’atteinte de mon père
un os au nichoir du cœur.

Je lève pour la forme un faux cha­peau de vent mon chapelet
porté par deux enfants : angoisse et espérance
sur la route de l’usine et du vide.

Le souf­fle trace une colline un ghet­to la charrue
sil­lon soc la pesée laboure des frimas le cambouis
cos­tume de nuit la plaie ouverte.

Je suis nu pour la vie ai séché la cen­dre à la main
chif­fon­né un lac au printemps
toi tu traînes un bidon de lait ou de farine
je souris plus sou­vent c’est peut-être du plomb
l’opération peut commencer.

Les draps sont ten­dus les cordes tapent au mur
le prêtre est mort le scan­dale et le plâtre sont sur nous
j’ai mis des bornes de béton aux revers des routes
des bâch­es sur les bûch­es une lim­ite à la lumière
je suis nu je suis cuit j’avale des louch­es de benzine
je fais le fier porte le cer­cueil dans l’église mon pyja­ma rayé bien haut
sans repères trans­parence mon corps 
et dans le tien mon nom gros masochiste.

Au moment de par­tir je saurai bien
me retourn­er dans l’ouverture ouvrir la faille
me faire com­pren­dre de ton désir.

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