His bicy­cle car­ries all the men­ace of a bayonet.
On see­ing him sweep into our street, the redbricked
hous­es hud­dle togeth­er in anx­ious camaraderie.
Our hearts thump like a thou­sand boots of advanc­ing troops.
The sound of spin­ning spokes catch­es in every mother’s throat.
He props his black bike at a neighbour’s door.
Behind flick­er­ing cur­tains, hid­den eyes stare
at this the­atre of sec­ond-hand despair.
His knock pierces their house like a pis­tol shot.
The door opens.
As soon as she sees him, her youth fades to grey.
A smile dies on her mouth.
She wipes bub­bles on her pinny.
A small child whim­pers, tugs at her skirt.
As she takes the telegram from him,
her face dark­ens. She rais­es her arm.
Hits him. Hard.
The boy stum­bles back, fumbles
the pouch of papers back in his pocket.
He skids away, send­ing peb­bles spit­ting like shrapnel
ped­als to the next address on his list.

Her slap still stings his cheek.

 

*

 

Por­teur de Télégramme

 

Sa bicy­clette porte toutes les men­aces d’une baïonnette.
A le voir pass­er en coup de vent dans notre rue, les maisons
de brique rouge se ser­rent entre elles comme d’anxieuses camarades.
Nos cœurs bat­tent comme les mille bottes d’armées en marche.
Le bruit des roues qui tour­nent  prend chaque mère à la gorge.
Il adosse son vélo noir à la porte d’un voisin.
Der­rière les rideaux qui frémis­sent, des yeux cachés observent
ce théâtre du dés­espoir de sec­onde main.
Son coup à la porte perce leur mai­son comme un coup de pistolet.
La porte s’ouvre.
Dès qu’elle le voit, sa jeunesse vire au gris
Un sourire meurt à sa bouche.
Elle essuie des bulles sur son tablier.
Un petit enfant gémit et s’accroche à sa jupe.
Comme elle lui  prend le télégramme,
son vis­age s’assombrit. Elle lève le bras
Le frappe. Fort.
Le garçon recule en titubant, rem­balle en cafouillant
l’enveloppe des papiers dans sa poche.
Il dérape en par­tant, envoie des cail­loux crachant comme des shrapnels
en pédalant vers la prochaine adresse sur sa liste.

Sa gifle lui brûle encore la joue.

 

(tra­duc­tion Mar­i­lyne Bertoncini)

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