C’est avec l’ongle que j’ai écrit tout cela.
Dans l’enduit d’une niche à la vide paroi,
Dans l’obscurité, solitaire,
Voy­ant mes forces se défaire,
Oublié du tau­reau, du lion, de l’aigle salvateurs,
Qui prêtèrent aux rédacteurs
Luc, Marc et Jean, un sou­tien fidèle.
Ce sont des rimes inactuelles
Des rimes de tombeaux,
De grand’soif d’eau,
Et de grand’faim de cendre,
Ces rimes que l’on va entendre.
Lorsque mon ongle angélique s’est émoussé,
Je l’ai lais­sé repousser,
L’onglée n’est pas revenue –
Où ne l’ai-je pas reconnue ?
Il fai­sait noir. La pluie bat­tait au loin.
J’avais si mal, je ne pou­vais ser­rer le poing,
Mes doigts étaient comme des griffes croches.
Et je me forçai à écrire avec les ongles de la main gauche.

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