Jean-Claude Coiffard, Le ciel était immense

Par |2023-06-21T07:21:56+02:00 21 juin 2023|Catégories : Critiques, Jean-Claude Albert Coiffard|

Le ciel immense ne peut être que celui de l’enfance. C’’est ce que nous racon­te le poète nan­tais Jean-Claude Coif­fard (90 ans) dans un livre à la fois pétri de nos­tal­gie et de grat­i­tude pour ce temps vécu dans un pays au « vis­age d’aurore ». Et tou­jours dans la fidél­ité à René Guy Cadou.

Sous le ciel immense de Jean-Claude Coif­fard, un ciel qui « brasille sous le soleil de mai », il y a un fleuve (la Loire), des roseaux, des oiseaux et, dans le jardin du poète, « l’odeur des lilas », un puits, un figu­ier, des abeilles et des ros­es à foi­son. C’est à ce pays-là qu’il s’adosse, univers par­cou­ru de « nuages au long cours » et tou­jours, la nuit venue, illu­miné d’étoiles.

C’est la voix de René Guy Cadou qui résonne, de bout en bout, dans ce livre. Jean-Claude Coif­fard nous dit qu’il peut aujourd’hui écrire « son nom en let­tres d’or/dans le gran­it du temps ». Car le monde, dit-il, « s’ordonnait sous les pas »de l’instituteur-poète de Lou­is­fert dont le chemin de l’école était « pavé d’hortensias ». Hom­mage à Cadou, donc, mais aus­si, au fil des pages, à Apol­li­naire, Ner­val ou Marie-Noël, qui furent ses com­pagnons de route.

Mais le poète, l’âge venu, n’en finit pas mal­gré tout de s’interroger. « Le mot que je cherche/qui me le don­nera ? ». Car com­ment témoign­er au plus près de cette vie don­née en abon­dance ? « J’ai tant et tant/remonté d’eau/de mon vieux puits/j’ai tant et tant/puisé de lettres/que maintenant/je vois le fond ».

Saisi d’une forme de ver­tige, le poète évoque ce « vieux puits/rempli d’ombres »« délais­sant le ciel/le soleil s’est noyé ». 

Jean-Claude Coif­fard, Le ciel était immense, Des sources et des livres, 139 pages, 17 euros.

Pour­tant il se res­saisit bien vite. Sans doute faut-il se résoudre à par­tir, « mais les ros­es tou­jours », se ras­sure-t-il, « par­leront aux abeilles ». Et loin de pou­voir pré­ten­dre tout dire de ce ciel immense avec les mots du quo­ti­di­en, il affirme arriv­er « à l’heure/où le silence/pourra tout dire ». Et, plein de con­fi­ance, quand « la porte s’ouvrira », accéder au « pays mystérieux ».

Présentation de l’auteur

Jean-Claude Albert Coiffard

Jean-Claude Albert Coif­fard est né à le 21 juin 1933, à Nantes. Poète, cri­tique et ani­ma­teur, il est respon­s­able et ani­ma­teur de l’émis­sion “Rivages poé­tiques” sur Radio-Fidél­ité ; mem­bre de “Poésie sur tout” et rédac­teur de la revue “7 à dire”; il est égale­ment vice-prési­­dent de Sac à mots édition.

© Crédits pho­tos (sup­primer si inutile)

Bib­li­ogra­phie

Les Cernes bleus de la nuit (Traces, 1992), Les nymphéas des songes, pré­face de Jean-Paul Mes­tas, (Les Press­es Lit­téraires, 1999), Plein Cin­tre, pré­face de Jean-Marie Gilo­ry, (Sac à mots édi­tion, 2002), Manoll, Cadou : une ami­tié en plein coeur, essai, pré­face d’Yves Cos­son, (Librairie bleue, 2002), Venise de Pour­pre et d’Orient (éd. Brind’jonc, 2004), Ce peu d’é­ter­nité, pré­face de Jacques Tau­rand, (Sac à mots édi­tion, 2006).

Poèmes choi­sis

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Pierre Tanguy

Pierre Tan­guy est orig­i­naire de Lesn­even dans le Nord-Fin­istère. Ecrivain et jour­nal­iste, il partage sa vie entre Quim­per et Rennes. En 2012, il a obtenu, pour l’ensemble de son œuvre, le prix de poésie attribué par l’Académie lit­téraire de Bre­tagne et des Pays de la Loire. Ses recueils ont, pour la plu­part, été pub­liés aux édi­tions ren­nais­es La Part com­mune. Citons notam­ment “Haïku du chemin en Bre­tagne intérieure” (2002, réédi­tion 2008), “Let­tre à une moni­ale” (2005), “Que la terre te soit légère” (2008), “Fou de Marie” (2009). Dernière paru­tion : “Les heures lentes” (2012), Silence hôpi­tal, Edi­tions La Part com­mune (2017). Ter­res natales (La Part Com­mune, 2022) Voir la fiche d’auteur
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