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4 poèmes d’Aleksey Porvin

         1

 

Le vase qui tombe salue le sol
de ses fleurs et de son eau trouble,
le cercle de verre brisé
jonche le parquet, où le coupable -     

chaque éclat crisse tout en cruauté vernie -
s'est réfugié sous la garde-robe
bien que toujours à portée de l'eau, comme
chaque bruit est à portée du silence.

Un minuscule éclat de verre explore l'entaille
& cherche un semblant d'âme au fond du doigt
Il ne s'en trouve aucun dans la veine limpide,
pas un seul & maintenant n'est nulle part ;

mais il est transparent & par conséquent                                                                              
capable de voir,
à travers lui-même il contemple la douleur :
le lieu - une goutte de sang,
un angle mort à la surface du verre.

 

           2

Les branches sombres déclarent forfait
le vent se referme sur lui-même ;
quelque chose en moi daignera-t-il
consigner leur souvenir ?
Le vent a échoué - ici
il y a de l'air, des pierres et des brindilles        
- que reste-t-il en eux ?
Tout ne saurait périr.

L'automne gardera-t-il souvenir
de moi ? Quelle faculté
de mémoire est la sienne ?
Vent, rapporte les branches.

Continue ta route - laisse ici toute chose -
Je me souviendrai de toi :
offrant les vestiges des ultimes
rameaux du jour.

 

3.

 

Obliquant sur le chemin, vers la musique,
nous nous enrôlerons avec la pluie,
faute de mieux  :

salut chéri,                                                                  
ouvre la route -
ta demeure grandit
à cette résonnance, où il n'y a personne.

Tu as beaucoup d'amis
qui, ayant entrepris une distante ambulation,
n'atteignent pas leur destination.

Nous sommes passés dans la soirée, mais
sans trouver la porte :
finalement, il est apparu que c'était toi.

La pluie se lèvera pour nous ;
Tu seras aussi strict qu'un instrument de mesure
dans tes questions :

mais sans cacher les yeux humides,
l'eau sublime, nous lave
avec quelque chose qui tient de la solitude.

 

                 4

 

Un oiseau marche sur le toit du grenier,
sur les corniches, comme s'il était une main :
tap, tap, tap - permettez-moi
de frapper, chaleureux et de concevoir...

De quoi ma main est-elle lourde, quand les plumes
des doigts et les pulsations des becs - les tiens ? - sont chauds
Le sang est-il en réalité aussi vaste que le vol
en cette année qui a fondu ?

Ce murmure est celui de mon sang, de mon enfant non-né* :
C'est moi qui suis là sur le toit, et parfaitement satisfait
C'est mon choix de venir ainsi frapper à ta porte
Toi qui n'es pas ma destinée.

 

 

Traduction : Eric Boury