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À l’ombre de l’ombre

 

 

 

A L'OMBRE DE L'OMBRE  

 

 

 

Dans des cadrans de nacre,
Dodelinant sa musique
Sur les contours des pendules,
Tic tac, tic tac
Le temps tourne comme une ombrelle,
Sur le manège aux chevaux de jambes de bois
Dans le parc juste en bas.

Pas pressé je laisse filer l'or et ses filons,
Pour regarder passer les aiguilles qui trottent et trônent
En cavalières, sur nos vies de secondes.
Il faut bien oublier qu'un jour tout s'arrête...

 

 

 

 

 

EFFROIS DE TROTTOIR

 

 

 

S'il faut-il aller plus loin, affronter des bourrasques
Et croiser la peine dans des rues bousculées,
Couvertes de corbeaux et de pieds sous des masques,
Allons trouver chimères et fous de la cité

Dans le cœur de Paris, des visages fêlés
S'oublient et s'abîment en pensées taciturnes,
Cohabitent zélés avec un verre amoché,
A moitié plein de tout et de nectar nocturne

Tout près du grand bassin, accoudés au métro
Résistent des clochards assoiffés d'imprévus,
Qui contre un peu d'amour bazarderaient châteaux
Et matelas en soie qu'ils n'ont jamais reçus

Le brouillard s'alourdit dans les heures distendues,
Frissons sur le parcours des longs réverbères,
Dans le vide du vent sur la froide avenue,
Des sirènes hurlent leurs feux
Aux fenêtres grimacières

Drame de macadam, soir suie, noyé de plumes,
Meurt un oiseau marin dans un flash d'overdose,
L'ombre mordorée qui trouble le bitume
Pleure en écho son fils, sous les portes closes

Les larmes ont triomphé que faisions-nous là,
Les mains dans les poches à regarder passer
La douleur, le fracas, tout comme au cinéma ?
Mais mon cauchemar freine enfin,
J'entends
Grincer l'acier...

 

 

 

 

 

SALE TEMPS 

 

 

 

Am, stram, gram,
Pic et pics et colères,
Drames.

Des enfants se noient dans la marelle
Des poubelles
De l'histoire naufragée de leur pays en flammes,
Sous l'œil saoul des riches gens des côtes.

Le monde va de travers, bourré,
Bour et ratatam.

Doit-on arrêter la comptine ou la continuer ?
Comment faut-il la chanter,
Après ça ?