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Abdelhadi SaïdA une Tangéroise

 

Avec bonté de fusil et dextérité d’ouragan, je tente ma chance avec l’abîme et tu danses. Dans l’air insomniaque tu reproduis une madone sonore douce-amère au toucher et je m’empêtre. Poétiquement je veux dire. Toute harmonie est criminelle, en ce sens qu’elle mobilise d’emblée notre désarroi.

Discuter en tête-à-tête avec le pythagore qui préside à ton visage est une entreprise vouée nous le savons à un bel échec. A la rigueur, une haine sans fioritures pourrait m’aider à survivre à la toxique après-midi repue d’ombres, trop bien t’imitant quand de loin en loin tu redoubles d’existence.

Après ils s’étonneront de trouver enlacés nos cadavres. Et plaquées aux parois du néant nos âmes séchant comme le plus spirituel des linges. De nos rires tressés en colonne vertébrale le long du gouffre ils ne saisiront pas une miette. Ni à notre envie décuplée d’ingurgiter le vent détraqué ne comprendront goutte.

Absence solennelle de tout ce qui navre. Beauté momentanée et poison rare.

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