avril 2021

01avr0h00min31mai(mai 31)0h00minNouveaux Délits Revue de poésie viveSur Radio Occitania

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Détails de l'événement

Pierre Thiollière, Michel Ferrer et Frédéric Jacques TEMPLE

Vous trouverez en pièce jointe l'éditorial qui accompagne l'émission "Confinement n° 33" qui a été diffusée  sur les ondes de Radio Occitanie et qui fait référence au n° 8 de la revue Nouveaux Délits, Revue de Poésie vive :

Cette revue est dirigée par Cathy Garcia Canalès qui signe comme à l’accoutumé un bel éditorial nous invitant à faire litière de toutes nos mauvaises circonstances et de résister par notre incommensurable force d’amour « parce que nous sommes des êtres fondamentalement libres, potentiellement capables d’aimer avec une force qui pulvérise toute peur, toute sclérose ; la force de l’eau que rien n’arrête, et qui même retenue par de monumentaux barrages, fomente en secret son évasion par le ciel. » Je lis ce stimulant éditorial dans l’émission « Confinement n° 33 » du site lespoetes.site qui a été diffusée sur les ondes de Radio Occitania. Cathy Garcia Canalès, artiste accomplie est également la plasticienne qui illustre ce n° 68 au sommaire riche d’auteurs à connaître. Parmi ceux-ci, et acquiesçant aux vœux que m’avait adressés l’intrépide revuiste souhaitant « que notre force et notre joie intérieure brûlent sans faille », je lis dans cette émission, les poèmes de Pierre Thiollière avec lequel j’ai perçu quelques expériences partagées, celle d’une même génération qui a connu la vie dans une ferme dans les années cinquante, qui aime les poèmes de Gil de Biedma, qui vit sa retraite dans l’Aude dans ces paysages qui marquèrent mon enfance.

Michel Ferrer qui comme Claude Sicre, s’est donné le bonheur de vivre dans la cité médiévale de Saint-Antonin Noble-Val dans ce département où je fus si heureux : le Tarn-et-Garonne, m’a adressé avec ses vœux de bonne année au soleil, ses poèmes « L’Ombre » réunis en une sémillante plaquette, collection Beffroi 2020, aux magnifiques couvertures où l’ombre revêt des éclats de lumières psychédéliques grâce à l’art savant de Bernard Capdeville« L’ombre est aux mauvais jours / ce que le soleil est au beau temps » lit-on en exergue du recueil illustré de photos en noir et blanc de silhouettes d’ombres de personnages dont celle de l’auteur lui-même. Michel Ferrer contemple son ombre et salue l’ombre, universelle, qui accompagne toute vie et nous rejoint certainement au-delà.

Une plaquette à lire d’un trait comme je le fis pour les auditeurs de l’émission « Confinement n° 33 » (à commander chez l’auteur : ferrer82140@gmail.com).

Sur le sentiment d’impuissance de son inéluctable fin Frédéric Jacques Temple ne pouvait opposer que la révolte :

Révolte

La mort, seule immortelle,
je sais qu’un jour elle m’emportera. Je m’insurge,
maudis le fatal rendez-vous, insulte l’ignoble bête noire,
mais ne perds de la vie
la moindre goutte de son miel.

La mort l’a emporté un jour de chaleur d’août 2020. Nous avions oublié son âge. Les éditions Bruno Doucey s’apprêtaient à faire paraître « Par le sextant du soleil ». Bruno lui-même en rédigea la préface.

Après la disparition de Jean Joubert, de Gil Jouanard, de Pierre Torreilles, de Max Rouquette, les grandes voix du Languedoc s’incarnaient dans les deux voyageurs qui avaient fait l’expérience de l’Amérique, Frédéric Jacques Temple et son cadet James Sacré.

L’œuvre impressionnante de F.J. Temple est à lire sur une myriade de publications. Un grand nombre de livres d’artiste illumine cette myriade où se succèdent des récits, des romans, des essais, des préfaces, des articles, des traductions, de la correspondance et des entretiens. L’œuvre d’une vie ou plus exactement une vie à l’œuvre. Car F.J. Temple n’a jamais séparé sa vie et son œuvre. Ce journaliste, grand homme de radio et de télévision, cinéaste, était viscéralement ancré à la vie réelle. Engagé volontaire dans la guerre, il a combattu dans les sables d’Afrique du Nord, à Monte Cassino, en Allemagne. C’est un homme d’expériences qui écrit à partir d’un vécu intense.

Ecrire sur l’écriture comme s’y sont complus ses contemporains (essentiellement parisiens et universitaires) n’a aucun sens pour celui qui a connu et surmonté les terreurs du combat à la guerre, qui a déchiffré des lieux du monde entier, voyageur radiographiant l’espace et le temps pour en restituer l’ossature dans le poème. J’ai le souvenir de son regard d’une acuité perçante mais terriblement bienveillant, de sa barbe de vieux loup de mer. Je fus appelé une année au Salon du Livre de Figeac pour remplacer au pied levé Gilles Lades, subitement indisponible, pour animer un colloque. Il était là, rassurant, protecteur involontaire. L’icône du Sud est partie raconter sa vie démesurée aux esprits des ancêtres, les occitans, les indiens d’Amérique et d’ailleurs, les frères d’armes et ses vieux amis

Cendrars, Delteil, Durrell, Miller, Jean Le Mauve et ses innombrables amis que ce collectionneur avait pêchés dans le filet infatigable de ses périples. Il nous appartient aujourd’hui de lire et de relire Frédéric Jacques Temple. C’est un poète majeur des XX° et XXI° siècles. Certes, son œuvre est bien dispersée dans de nombreuses publications, quelque fois inaccessibles au commun, tels ses livres d’artiste. Mais c’est le devoir des éditeurs de rassembler et de nous donner à lire la prose et les poèmes de ce géant de l’écriture.

La posture de Frédéric Jacques Temple peut apparaître comme le chef de file des poètes du Sud de l’immédiate génération qui lui a succédé. C’est un poète occitan de langue française, tel que se revendiquait Jean Malrieu, comme le sont le sont la plupart des poètes qui vivent en Occitanie (l’historique qui va au-delà de la région administrative) les Cosem, Lacouchie, Pey, Lades, Le Penven, Maubé, Vernet, Pornon, Cathalo, Prat, Saint-Jean, Bernadou, Heurtebise, Pichet, Ferrer etc. et dans le prolongement, les poètes du Sud tels Ettori, Aribaud, Tartayre, Ruiz, Eckhard-Elial, Ech Ardour, Saint-Julia poursuivant la voie tracée par Nelli, Puel, Jean Max Tixier, Baglin et d’autres.

Les éditions Gallimard ont commencé ce travail de regroupement avec la publication de « La Chasse infinie et autres poèmes » (Poésie/Gallimard cat. 3, 368 pages, 9,50 €) magistrale édition de Claude Leroy, ami de l’auteur, qui signe une introduction exceptionnelle de pédagogie.

Les éditions Bruno Doucey, elles, ont l’honneur de publier après « Phares, balises et feux brefs suivi de Périples » et « Dans l’erre des vents », « Par le sextant du soleil » ( collection Soleil noir, 104 pages, 14 €) dernier ouvrage de Frédéric Jacques Temple.

Horaires

Avril 1 (Jeudi) 0h00min - Mai 31 (Lundi) 0h00min

Lieu

Radio Occitania

Organisateur

Christian Saint-Paul Radio Occitania

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