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Alfred Edward Housman, Oh voyez

 

Oh voyez combien serrés les boutons d’or
    Ornent champs et chemins,
Avec les pissenlits pour égrener les heures
    Qui jamais plus ne seront dites.
Oh puis-je à travers prés vous faire escorte
    Et cueillir de frais bouquets pour vous ?
Il n’y pas de mal à me prendre le bras.
    « Vous pouvez, jeune homme, vous pouvez. »

Ah, printemps fut donné aux filles et garçons,
   C’est maintenant que leur sang d’or s’enfièvre,
Fille et garçon font bien d’être joyeux
   Avant que le monde soit vieux.
Ce qui fleurit ce jour peut refleurir demain,
   Mais jamais comme une première fois.
Et si j’arrondissais mon bras autour de vous…
« C’est très vrai, jeune homme, c’est vrai. »

Il est certains garçons, on a honte à le dire,
   Qui font seulement leur cour pour voler,
Et une fois qu’ils ont la fleur dérobée
   Presque rien après eux ils ne laissent.
Adonc gardez vot’cœur pour hommes tels que moi
    Et ne le confiez à un gars équivoque.
Mon amour est fidèle et à vous tout entier.
   « Peut-être, jeune homme, peut-être. »

Regardez-moi bien dans les yeux, que craignez-vous ?
Voyons, un mile y a depuis la ville.
Que l’herbe est verte autour de nous !
    Nous ferions bien de nous asseoir.
Ah, qu’est ce la vie sinon une fleur ?
    Si on s’aime vraiment pourquoi soupirer ?
Soyez gentille, ayez pitié, chère charmante, -
    «  Au revoir, jeune homme, au revoir. »

 

Traduction par Delia Morris et André Ughetto

 

 

Oh see how thick the goldcup flowers
  Are lying in field and lane,
                  With dandelions to tell the hours
That never are told again.
Oh may I squire you round the meads
   And pick you posies gay?
                  -‘Twill do no harm to take my arm.
‘You may, young man, you may.

Ah, spring was sent for lass and lad,
  'Tis now the blood runs gold,
And man and maid had best be glad
  Before the world is old.
   What flowers to-day may flower to-morrow,
     But never as good as new.
                      – Suppose I wound my arm right round –
"Tis true, young man, 'tis true.'

      Some lads there are, 'tis shame to say,
         That only court to thieve,
     And once they bear the-bloom away
        'Tis little enough they leave.
       Then keep your heart for men like me
         And safe from trustless chaps.
                        My love is true and all for you.
                           'Perhaps, young man, perhaps.'

           Oh, look in my eyes then, can you doubt?
       – Why, ‘tis miles from town.
            How green the grass is all about!
  We might as well sit down.
            Ah, life, what is it but a flower?
   Why must true lovers sigh?
           Be kind, have pity, my own, my pretty, –
   ‘Good-bye, young man, good-bye.’