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Alfred Edward Housman, Réveil

Réveil

Debout ! Le crépuscule argenté revenant
Envahit la plage de ténèbres
Et le vaisseau en flammes du levant
Sur la rive orientale s’arrête.

Debout ! L’ombre voûtée se casse,
Piétinée sur le sol qu’elle enjambait,
Et la toile de la nuit en lambeaux
Jonche la terre sous le dais du ciel.

Debout, mon gars, debout, il est tard pour dormir :
Ecoute les tambours du matin ;
Ecoute l’appel des routes vides :
« Qui veut aller par-delà les collines ? »

Les villes et campagnes y invitent,
Et les caps de briller, les beffrois d’appeler ;
Jamais un gars chaussé de cuir
Ne vit assez pour en avoir le cœur repu.

Debout, mon gars ; des muscles qui se traînent 
Sur leur paillasse au soleil s’affaiblissent ;
Matins au lit et sommeil de jour
Ne sont pas pour homme vivant.

L’argile gît mais le sang vagabonde ;
Le souffle est un bien que l’on ne peut garder.
Debout, mon gars : à la fin du voyage
Assez de temps auras-tu pour dormir.

Traduction par Delia Morris et André Ughetto

 

 

 

Reveille

Wake: the silver dusk returning
Up the beach of darkness brims,
And the ship of sunrise burning ,
Strands upon the eastern rims.

Wake : the vaulted shadow shatters,
Trampled to the floor it spanned,
And the tent of night in tatters
Straws the sky-pavilioned land.

Up, lad, up, 'tis late for lying:
Hear the drums of morning play;
Hark, the empty highways crying
'Who'll beyond the hills away?'•

Towns and countries woo together,
Forelands beacon, belfries call;
Never lad that' trod on leather .
Lived to feast his heart with all.

Up, lad: thews that lie and cumber
Sunlit pallets never thrive;
Morns abed and daylight slumber
Were not meant for man alive.

Clay lies still, but blood's a rover;
Breath's a ware that will not keep.
Up, lad: when the journey's over
There'll be time enough to sleep.

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